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Goupillon et moto dans le cinéma italien (+ autres sucreries)

LE CINÉMA ITALIEN utilise (a utilisé) largement la moto à de multiples reprises mais dans la plupart des cas en lui donnant un rôle plutôt léger, humoristique, voire comique. À l'inverse de ce qui se fait en France où, dès qu'une moto apparait à l'écran, vous pouvez parier qu'elle va être détruite dans les minutes qui suivent après une mise en orbite de son pilote (héritier de Rémy Julienne). Idem dans les productions hollywoodiennes actuelles qui, en plus, sont des publicités même pas  "subliminales" (voir votre ouiki). L'exemple le plus flagrant étant la défunte B.M.W. R 1200 C de James Bond dans "Demain ne meurt jamais".

Les cascades sont exécutées aujourd'hui par des professionnels afin de préserver l'intégrité physique des (très chers) acteurs, mais dans un temps pas si lointain, chacun devait payer de sa personne. Ainsi d'une immense vedette comme notre Fernandel... dont l'incarnation en Don Camillo fit les délices de toute une génération et même plus.

... On le retrouve ici sur un échafaudage basculant censé reproduire les errements de la moto dans une séquence de "Le Retour de Don Camillo" (1953 - Julien Duvivier). On filme une scène où la machine va pencher alternativement de droite à gauche, avec ses deux acteurs, tandis que derrière défile un décor déjà filmé, c'est ce qu'on appelait une "transparence".

L'inclinaison de la caméra et de l'échafaudage permet d'exagérer les oscillations de la moto. La scène est complétée par des accessoires comme le porte-bagages avant encore incomplet de sa cage à poules...

 ... sur la Harley-Davidson, probablement une spectaculaire 750 WL, seule grosse machine disponible à l'époque (1953) en Italie comme en France. De plus, on n'allait pas prendre le risque de fracasser une moderne anglaise ou allemande ! La cage avec les poules, est sans doute source d'un gag, mais je n'affirme rien, n'ayant pas vu le film depuis... depuis un certain temps.

Hors caméra, "l'Homme de Dieu" n'en est pas moins homme tout simplement, capable d'apprécier les œuvres de Dieu (Leda Gloria).

ENCORE UNE HARLEY, MAIS D'AUTRES AUSSI

Il faut dire qu'il était difficile de ne pas utiliser le twin de Milwaukee avec un pareil titre de film : "Un Americano a Roma" avec l'irrésistible Alberto Sordi (1954 - Stefano Vanzina, alias Steno). 

Sous un aspect comique, le film est une satire prémonitoire de la société italienne qui se soumet peu à peu à la civilisation américaine... comme bien d'autres à la suite. Ce n'est pas un hasard si l'on trouve dans l'équipe des scénaristes-dialoguistes un certain Ettore Scola qui signera plus tard "Affreux, sales et méchants" dont l'humour au vitriol reste en travers de la gorge...

Sacoches de la moto et lunettes de l'U.S. Army (celles des tankistes et motocyclistes) complètent parfaitement la panoplie d'Alberto Sordi. Son univers fantasmé est peuplé de tous les poncifs américains jusqu'à son langage émaillé d'expressions latino-yankees hilarantes tandis qu'il se fait passer pour un natif de Kansas City. Après le film, il sera fait "Citoyen d'Honneur" de cette ville en hommage à la publicité qu'il lui a faite.

 Même si, en français, on trouve sur la toile "Un Américain à Rome", pas sûr que le film ait connu une version tricolore (?).

Cependant, ce qui a fait la célébrité du film, plus que la Harley c'est la mémorable "séquence des spaghettis" qui va propulser Alberto Sordi vers des productions plus prestigieuses.

ENFIN DE LA COULEUR TOTALEMENT LOCALE !..

... avec des machines italiennes de course et d'époque dans ces "Fiancés de la Mort" (1957) au titre très "giallo" (roman policier, polar). Il donne à voir de superbes séquences réalisées avec des vraies motos d'usine ce qui en fait une œuvre bien plus authentique que le un peu surfait "On any Sunday".

On n'a pas lésiné non plus sur le "casting" où l'on trouve des vedettes reconnues tel Rick Battaglia ou Sylvia Koscina avec les pilotes du Championnat du monde dans une figuration intelligente et très active : Keith Campbell, Geoff Duke, Reg Armstrong, Dickie Dale, Ken Kavanagh, Libero Liberati, Bill Lomas, Enrico Lorenzetti, Alfredo Milani, Walter Zeller, Pierre Monneret, Tommy Woods.

La Guzzi est facilement reconnaissable tandis que les couleurs et le dessin du casque (Cromwell) sont celles de Bill Lomas, officiel de l'usine de Mandello.

Arrêt aux stands pour Guzzi et Gilera, sans doute pendant les répétitions du film car l'ambiance est plutôt décontractée. Le "pilote" à gauche est Rick Battaglia, l'un des "beaux gosses" du cinéma italien des année 50/60. Au passage, on remarque les différences de traitement dans les deux carénages "a campana".

La Gilera aux prises avec la Guzzi dans une séquence que seul le cinéma pouvait permettre alors que la classique photographie, surtout en couleur, ni les objectifs des appareils n'auraient fourni ce genre de plan.

Une séquence filmée à Mandello dans la Galleria del vento de la Moto Guzzi.

Dans "Il Vigile", Alberto Sordi retrouve à nouveau une Guzzi, modèle police routière, qui joue un grand rôle dans cette œuvre tragi-comique de Vittorio de Sica (1960). Sur la photo en incrustation on le voit en train d'opérer un délinquant, coiffé du casque réglementaire de la police italienne qui fait bien des envieux aujourd'hui dans le milieu des amateurs de motos anciennes.

On parlait un peu plus haut d'Ettore Scola, voici une capture d'écran d'une image rapide extraite de "Affreux, Sales etc"(1976) qui met en scène un side Guzzi, autre constante du cinéma italien (les bienheureux qui avaient encore une vraie industrie motocycliste).

Dans la veine des sexy-comédies à l'italienne, la série des "La Prof et..." tient une bonne place avec des gags aussi fins que ceux des Charlots chez nous. Cet attelage Guzzi - side Longhi ? - est forcé de tourner en rond autour du poteau, retenu par la crosse du parapluie. Poilant, non ? (1976 - "La Prof et les farceurs de l'école mixte", tout un programme...).

... que Tinto Brass pousse dans ses (presque) derniers retranchements en utilisant les talents (normalement) cachés de Anna Ammirati dans "Frivole Lola (1998). C'est pas du X mais ça n'en est pas loin. Heureusement, il y a la Guzzi qui sera notre prétexte technico-esthétique...

 Que ce soit au travail ou à la ville, Anna est souvent victime des courants d'air...

PROCHAIN ARTICLE : D'autres motos dans le cinéma italien !

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Y
merci pour ce super article, je suis fan de motos et de cinéma Italien ! Je suis comblé ! AMICALEMENT
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Z
Ne quittez pas l'écoute, il y a une et même plusieurs suites !
J
L’inénarrable Alberto Sordi était plus connu pour être un coureur de jupons que comme motocycliste!<br /> Ses rôles dans "le cheik blanc " et "Le pigeon" sont inoubliables (personne n'est d'accord sur l'orthographe de cheik..).
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