Dans les dernières pages de "La Motocyclette en France 1922 - 1924", j'ai publié quelques photos d'un étrange sidecar entraîné par un moteur Viratelle. Le nom était déjà connu des amateurs d'anciennes depuis 1905 mais pour une autre machine plus imposante et tout aussi originale : une monocylindre à bloc-moteur, refroidissement par eau, soupape culbutée à l'échappement et doté d'une boîte 3 vitesses épicycloïdales. Plus tard, à l'orée de la Guerre de 14 et dans les années 20 une autre bicylindre et une monocylindre présenteront des suspensions oscillantes avant et arrière. Donc rien à voir avec l'attelage ci-dessus dont je disais dans mon livre que "Pas un magazine, aucune revue ne l'a remarquée. On n'a pas d'autre traces de cette machine que ces photos".
Autre photo publiée dans mon livre, à comparer avec celles qui figurent ci-dessous, en couleur.
Sans vouloir me vanter, je me suis lourdement trompé. Enfin, pas complètement. Car si aucune nouvelle trace "imprimée" n'est apparue depuis, c'est la Viratelle elle-même qui s'est manifestée sous l'œil averti d'un lecteur. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de F.- A. J. soi-même, c'est à dire LE François-Arsène, spécialiste de la technique à L.V.M. et terreur des tricheurs aux Coupes Moto Légende, ceux qui tentent de faire passer leur avant-25 pour une après-25 ou le contraire. Dans le cas présent, rien de la sorte et aucun doute concernant l'identification : le numéro d'immatriculation est le même, sur la machine des photos en noir-et-blanc et sur celle que F.- A. J. a photographiée ci-dessous lors d'une réunion à Marmande. Cette unique "Elvir" existante diffère du modèle d'époque, quoique la disposition générale reste la même. L'échappement et le silencieux sont apparents, la pipe d'admission est redessinée. On devine à travers les rayons de la roue une couronne qui est l'une des particularités de cette invention qui n'en manque pourtant pas !
Pas de transmission visible, ce qui pouvait faire penser à un galet de friction sur le pneu arrière. Que nenni, car Marcel Viratelle avait ses idées sur la question, qu'il résout de façon plutôt inédite comme on le voit...
... sur cette photo : entraîné par une courte chaîne en "sortie de boîte", un pignon denté engrène sur une couronne solidaire du rayonnage grâce à un autre pignon (ici caché par les maillons de chaîne) fixé à l'opposé sur l'axe du pignon "menant". Pas simple à expliquer, alors si quelqu'un s'en ressent pour un dessin, je suis preneur !
Encore une information fournie par F.- A. J. : l'Elvir a un embrayage et trois vitesses. On en voit la simple commande constituée par ce fer plat à trois encoches, que l'on sélectionne depuis le guidon par une longue tige sous le tube supérieur du cadre (voir photo 3/4 arrière en noir/blanc ci-avant).
À machine légère (deux-temps de 125 cm3 ou 175 ?) il fallait un side ultra-léger, mais doté cependant d'une fixation en trois points et d'une suspension de la caisse. Simple, certainement, mais on se gardera d'ajouter "efficace".
Reste que si l'on en sait un peu plus long sur cette "Elvir", impossible d'en savoir plus sur son concepteur (constructeur ?) portraituré ci-dessus. On trouve la première trace d'un "Syndicat des Bts (Brevets) Viratelle" sur un catalogue daté "Salon 1906". L'adresse est alors parisienne, 49, rue du Surmelin dans le XXème. Au programme, mais seulement avec des dessins sommaires, une moto 1 HP 1/2, un tri-car 4 HP 1/2 et enfin un quadri-car de 6 HP 1/2, tous monocylindres ! La moto sera largement décrite dans la presse spécialisée mais pas les autres machines.
En 1920, apparaît la "Société Anonyme des Motocyclettes et Automobiles Viratelle" établie 7-9 et 11 rue Jean Bourgey à Lyon-Villeurbanne. L'espace d'un ou deux Salons, le nom retourne à l'obscurité. De la "production" de cette période, il reste (vu il y a fort longtemps) un moteur veuf de sa partie-cycle et une moto monocylindre entière que l'on peut admirer aujourd'hui dans les collections du Musée de Rochetaillée.
Tout au long de ces décennies, et à part sur le carter de l'Elvir, aucun prénom ne figure jamais accolé au patronyme Viratelle. Fin des années 20, un Cyril Viratelle se manifestera dans la catégorie cyclecar avec un 8 HP installé dans un révolutionnaire châssis-coque métallique, le passager prenant place derrière le pilote, façon Bédélia. Le moteur est un deux-temps B.C. (Béchir & Collin) dopé par deux carburateurs. Deux vitesses seulement mais une boîte Staub à trois rapports et démarreur (?) est disponible en option. En 1933, Moto Revue présente un dessin sommaire de la transmission d'un Viratelle (pas de prénom) qui semble être un cyclecar trois roues. Le moteur est alors un Chaise arbre à cames en tête "dont le mode de distribution a été transformé en culbuteurs", précise la revue. Une idée assez iconoclaste pour être signée de "notre" Marcel...
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