AVIS AUX AMATEURS : J'ai remis la main sur une dizaine d'exemplaires du livre "Les Motos des Français - Un album de famille 1945-1970". Un chèque de 40 euros - port compris - fera de vous un homme (ou une femme) heureux (heureuse).Tous renseignements complémentaires : janbour@free.fr
Un Français élevé en Bourgogne, installé en Angleterre et qui se retrouve en 2013 sur le Lac Salé à Bonneville au guidon d'une Harley, on reconnaîtra que c'est un parcours peu banal ! Bourgogne oblige, Patrick Delli s'est d'abord passionné pour Terrot. Il eut ainsi l'occasion de trouver une rare 175 LCP (C = Course) avec laquelle il revint à Montlhéry lors des Coupes Moto légende (ci-contre, 1999 ?). Restaurant professionnellement nombre de motos anciennes au profit d'un gougnafier, entasseur plus que collectionneur qui l'exploite, il lâche tout à la fin des années 80 et file en Angleterre où il se marie. Avant ce qu'on suppose être l'heureuse conclusion d'un coup de foudre, il en a eu un autre (coup de foudre) pour les Harley-Davidson. Pas n'importe lesquelles : les latérales Sportster. Spécialement celles d'une série construites à peu d'exemplaires, les KHK 900. Il avouera sa passion dans un long article publié par la revue du Motocyclettiste en 1989 (n° 57). Il y explique très bien le choix par Harley-Davidson de la "vétuste" distribution par soupapes latérales sur une machine entièrement nouvelle en 1952 (bloc-moteur à sélecteur, oscillante arrière, etc), et destinée à fournir une grande lignée en compétition pour contrer les 500 twins à culbuteurs anglaises. Jugée un peu trop "poumon", elle sera ensuite portée à 900 cm3 "qui vaut un bon 140" selon Patrick.
La Sportster en tenue civile telle qu'elle apparut dans la presse à ses débuts n'était alors qu'une 750. Est-ce cette image qui fit craquer notre bonhomme ? Vraisemblable mais pas certain vu son âge (celui de Patrick).
2013 : LE PAS EST FRANCHI, L'ATLANTIQUE AUSSI !
Acquise en 1987, cette KHK 900, avait dès l'origine des cames de dirt-track. Elle est de 1954 mais "Je l'ai éternellent modifiée depuis", dit Patrick. Ce dont on se doutait, rien qu'à voir la photo En août 2013 elle se retrouve donc sur le prestigieux Lac Salé de l'Utah pour la non moins prestigieuse Speed Week organisée par la Southern California Timing Association et la Bonneville Nationals Inc. (À vos dicos d'anglais, je ne vais pas faire le boulot pour vous, d'autant que c'est du basic !)
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Le genre 400 mètres D.A. ou autre record sur courte distance n'est pas une nouveauté pour Patrick. Il l'a déjà pratiqué en Angleterre sur un autre site de légende, celui de Pendine, une plage de 11 km de sable au sud du Pays de Galles. Selon une tradition qui remonte à... (plus vieux encore que ça), la partie du rivage que découvre la mer à marée basse n'appartient à personne. Le sable y étant dur pour quelques heures, on l'utilise pour des courses de véhicules motorisés, interdites ailleurs sur les territoires de Sa Majesté. C'est l'histoire à gros traits, donc sans label S.G.D.G., mais je ne doute pas qu'un Grand-Briton lecteur rectifiera... Quant à l'inscription sur l'autocollant affiché sur la machine de Patrick, elle dit que l'utilisation de cette Harley est interdite aux piétons, aux footballeurs, aux top-models (leurs talons aiguilles abîmeraient la selle ?) et en général à tout public. It's a joke, of course.
Plage magnifique, on en conviendra, mais un temps de juin à Pendine, comme ici pour l'édition de 2013, fait comprendre pourquoi on peut rêver de soleil à Bonneville (Photo : oldskoolperformances.com).
Les choses sérieuses commencent par le contrôle technique effectué par des commissaires coiffés "fluo". Patrick suit attentivement l'opération mais sa machine est conforme, comme indiqué sur le dosseret de selle : 650 cc = remise en vigueur d'une classe de l'AMA (fédé américaine) utilisée de 1933 à 1970 et autorisant les 750 laté à courir avec les 500 culbutées (bonification de 33 % en cylindrée). APS = Altered Partially Streamlined (Modifiée avec carénage partiel). VBF = Vintage Blown Fuel = Vintage à compresseur fonctionnant au Fuel, un carburant hors-commerce fourni par l'organisation SCTA/BNI. Recette selon Patrick : "Du methanol pur avec quelques gouttes d'acetone, si on en trouve, car ça rend le moteur plus facile d'utilisation. Le methanol, c'est très "sec" et ça bouffe tout !".
"On n'emporte pas sa patrie à la semelle de ses souliers", tonnait Danton refusant de fuir devant les menaces de ses ennemis à la Convention. Dommage car on aimerait pouvoir le faire et garder un souvenir salé lorsqu'on est allé à Bonneville (euh..., dommage aussi pour Danton, guillotiné en 1794).
En véritable Citoyen du Monde, Patrick est soutenu par une équipe internationale : dans le désordre voici Richard, un ami de Grande-Bretagne, Graham l'Australien et Joe avec Mark, deux brothers du cru. Patrick est au centre.
Un peu de mécanique ne peut pas faire de mal. Pour la carburation, Patrick vous fournit (gratuitement) ses réglages : carburateur S&S americain de 1" 7/8 (année 1970), 47 mm à papillon, gicleur principal 4,5 mm de diamètre, gicleur auxiliaire de 3 mm avec une vis pointeau, consommation environ 3/4 de litre de methanol par mile (pas triste), environ 47 litres aux 100 !!! Et il ajoute : "Il y a aussi une reserve d'eau derrière la selle + cuve + gicleur et pointeau, mais je ne l'ai pas encore essayée...".
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Afin de ne pas souiller le sel du sol, toutes les installations sur lesquelles on travaille doivent être protégées par une bâche. Une précaution qu'on commence à voir chez nous. Note aux jeunes couches dites "youngtimers" : la tendance se renverse chez les étasuniens qui ressuscitent le chic "oldtimers" des pionniers à barbe (ZZ Top ou "Forty-niners"). Tâchez de prendre le virage à temps pour ne pas être à la traîne !
Juste une photo pour l'ambiance et un paysage légendaire qui s'est formé il y a une quinzaine de milliers d'années. Le parc coureurs, c'est presque 4 km de long sur 300 mètres de large pour recevoir un peu moins de 500 voitures et 200 motos.
Là, ça devient technique, alors je laisse le micro à Patrick : "Pour mettre le moteur en route, j'ai un démarreur de voiture monté sur un petit châssis (d'où la batterie). À la place du pignon d'attaque, il y a une douille de 1"1/2 qui s'enclenche direct sur le boulon de l'entraînement du compresseur en bout de vilebrequin"...
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"Tu peux mieux le voir ici sur la plage de Pendine en Galles du Sud l'année dernière. Ça marche très bien".
On n'est pas très loin du premier départ et la combinaison commence à faire étuve. Le meilleur passage se fera à plus de 196 km/h, soit au-dessus du record que "chasse" Patrick. Mais des petits problèmes techniques ne permettront pas de confirmer dans le deuxième passage obligatoire. Donc pas de record en 2013. On remet ça à 2014 et le mois d'août : départ le 7 et retour le samedi suivant. Ça aussi c'est un genre de record !
Le sel ne colle pas seulement aux semelles, et ça vous gâche vite fait la peinture et les surfaces métalliques ! Patrick parle un peu d'électricité : "Pas de fils électriques sauf ceux qui commandent les 2 x 2 interrupteurs de mise à la masse pour les deux magnétos (pas de batterie...). Celle qui est placée en avant devant le carter-moteur allume les deux bougies du cylindre avant. La verticale sur le côté droit allume les deux du cylindre arrière".
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C'est toujours Patrick qui parle : "Le compresseur japonais est un Ansin AMR 500 des années 80, acheté en Australie, vive eBay ! Déplacement 500cc par tour... Il tourne à 2 fois la vitesse du moteur. Quand je suis à fond, 5500 tours/minute, il prend 11000 t/mn sans broncher, mais il hurle pas mal... C'est un type Roots à 2 rotors et 2 lobes par rotor. J'ai vu jusqu'à 12 psi, 750 grammes de surpression, pas mal pour un compresseur non-turbo".
Bonneville, c'est 4 pistes : 3 miles (5 km) pour la plus petite, et ça monte jusqu'à 8 miles (13 km) pour la plus longue. Dans les bonnes années, c'est à dire lorsqu'il y a une grosse évaporation, la plus longue piste peut atteindre 12 miles (20 km). Sur la plus longue, on ne voit pas la ligne d'arrivée à cause de la courbure de la terre...
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AVIS AUX AMATEURS : J'ai remis la main sur une dizaine d'exemplaires du livre "Les Motos des Français - Un album de famille 1945-1970". Un chèque de 40 euros - port compris - fera de vous un homme (ou une femme) heureux (heureuse).Tous renseignements complémentaires : janbour@free.fr
ONE MORE TIME !
Ce sera pour la troisième fois, les deux premières n'ayant pas été suffisamment "concluantes" selon Patrick. On l'écoute : "Mon premier voyage sur le sel s'est déroulé en 2011, trois semaines avec ma petite femme... Moto jamais essayée : 1er passage, mon "rookie run", c'est la "passe du puceau", à 107 mph = 175 kmh... Le lendemain, je me suis brûlé la paume gauche sur la sortie du compresseur, j'avais une cloque grosse comme une patate... Donc 1 seul "run" en 1 semaine...
En 2013, un peu mieux : huit passes dont trois avortées. Cinq valables et chronométrées à 95, 97, 115, 116 et finalement 121 mph... Après chaque run, on passait un foret plus gros dans le gicleur principal... Le run après le 121, gros "coup de chalumeau" et trou de 12 mm dans la culasse arrière. Piston intact, on pense qu'un boulon s'est désserré en douce... Juste au cas où, je pars avec 2 jeux de culasses de rechange !!! Dont celle qui a été réparée...
Bonneville, on y vient, on y revient et encore mieux armé. C'est du moins ce que Patrick espère après une année passée à "modifier" encore et encore. Un vilebrequin en acier forgé a remplacé celui d'origine en fonte (!). Course un peu augmentée et, côté partie-cycle, une oscillante arrière classique à deux éléments amortisseurs. Par ailleurs, on peut voir que Patrick n'a rien renié de sa première passion bourguignonne.
Cependant la plus visible des nouveautés est un carénage moins "partiel" que le précédent. C'est une réplique du célèbre peel Mountain Mile qui doit faire gagner quelques yards par heure, voire quelques miles, pourquoi pas ? Au-dessus des échappements, légèrement "mégaphonés" se trouve le réservoir d'huile. Enfin une réserve d'eau utilisée pour améliorer la carburation (comme sur un deux-temps) est installée dans ce dosseret qui est prolongé par un becquet car (réglement ! réglement !) les échappements ne doivent pas dépasser l'arrière de la machine.
Tous ceux qui ont aidé et encouragé Patrick seront aussi du record grâce à leurs noms "stickés" sur le dosseret de selle. Sur place, Joe et Mark, deux Américains fous de Sportster (en fonte !), donneront l'indispensable coup de main en compagnie de leur pote, Cory.
Prête à l'embarquement sur palette, en route vers une nouvelle aventure. On vous tiendra au courant !
La première photo que j'ai prise de Patrick, c'était à Charnay-lès-Mâcon dans les années 70, lors d'une réunion du défunt Motocyclettiste. La BSA 1925 est l'une des nombreuses et impeccables restaurations qu'il a signées.
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