Dans une discussion récente avec un amateur de motos italiennes, on évoquait les machines de course en France dans les années 50. « Qui était l’importateur des Morini à ce moment ? », me demanda-t’il. Pas de réponse possible et pour cause. Alors, un petit retour en arrière s'impose. À cette époque, certains pilotes de 125 – mais qui couraient en 175 puisque les 125 étaient interdites de compétition par la Fédération que Motobécane manœuvrait – certains pilotes donc, disposaient de simple ou double-arbre, voire de deux-temps d’origine italienne forcément plus redoutables que les françaises gonflées à l’extrême. Même chose dans les cylindrées supérieures où certains ramaient sur des Norton, Excelsior, Saroléa, Terrot ou Koehler-Escoffier des années 30 à bout de souffle. Longtemps l’importation des motos étrangères au lendemain de la guerre fut quasi impossible. Déjà celle des moins de 125 était purement et simplement interdite au motif qu’il fallait protéger notre industrie nationale. Pour les autres, il fallait disposer de devises du pays exportateur (livre sterling, lire italienne, mark allemand), et en justifier l’origine légale car elles étaient sévérement contingentées ces devises. Il fallait aussi une licence d’importation, une pour chaque machine, pas facile à obtenir par un simple pékin, on s’en doute. Donc obligation de passer par l’importateur officiel pas gêné de se sucrer au passage et de ne satisfaire que le client dont la tête lui revenait.
"Échange... 350 Velocette... roulante... réglages à revoir... livrable toutes distances... à voir...". Mais même dans cet état, il fallait encore en trouver une...
...Pour qu'elle devienne cette magnifique KTT ici aux mains de Georges Houel à l'intérieur de l'autodrome de Montlhéry.
Chacun savait qu’il y avait des combines, des filières, mais ce n’est que bien plus tard que j’ai eu une franche réponse lors d’une interview de Georges Houel, en 2009 ! Il y avait prescription depuis longtemps ! Interrogé sur ses machines préférées, Georges a cité celles qu’il avait eues, Guzzi, Velocette, Norton, Gilera mais, ajoutait-il « La meilleure de toutes, c’était la Velocette. Légère, puissante, bonne tenue de route, bon freinage (…). Ma dernière Velocette, je l’ai eue en Angleterre. On emmenait des épaves d’ici, c’était marqué Velocette sur les papiers et on rentrait en France avec une Velocette… de course ! Les italiennes ? Pareil. J’avais trouvé une Gilera tourisme avec ses papiers, une de 1947/48. Comme j’allais courir en Italie, je la mets au train avec mes autres motos, pour l’échanger contre une Gilera de course. À la douane à la gare de Milan, je tombe sur un douanier italien qui me dit : « Qu’est-ce que vous allez faire avec ça ? – Vous voyez bien, c’est une épave. – Mais vous ne voudriez pas me la vendre ? - Je veux bien la vendre, mais il y a les papiers. Si vous pouvez me faire les papiers pour rentrer la nouvelle, alors ça va. – Pas de problême, on met la moto en garde à la gare, vous revenez me voir après les courses ». Le lundi soir j’avais les papiers ! Le douanier avait téléphoné chez Gilera pour avoir les numéros de cadre et moteur. J’avais un ‘libretto’ parfaitement en règle ! »
Autre possibilité plus compliquée, passer une machine en pièces dans plusieurs véhicules, mais ça ne pouvait marcher qu'une ou deux fois. De plus, côté britannique, dans un pays aussi motocycliste il y avait le risque de tomber sur un douanier "connaisseur". Je me suis laissé dire que cette méthode avait été remise à l'honneur au tout début du regain d'intérêt des Français pour la moto qui n'était pas encore tout à fait "ancienne". Je ne dénoncerai pas mais j'ai des noms... Enfin, dernière astuce, mais qui ne pouvait fonctionner qu'au coup par coup : une machine de course entrait en France à l'occasion du Salon de Paris, dûment envoyée par l'usine chez l'importateur aux fins d'exposition et avec une licence temporaire. Ensuite, on pouvait "l'oublier" un certain temps en magasin, toujours dans un but publicitaire, un temps durant lequel on la confiait à un coureur...
UNE MONOTRACE À LA FRANÇAISE
C'est en cherchant dans le ouèbe des renseignements sur la "K17 Velocette" du dernier article que je suis tombé sur ce document d'origine non-précisée, comme d'habitude. À première vue, j'ai cru à une "torpille" cycliste étant donné la taille des pneus. Puis j'ai vu l'immatriculation en WO et enfin, dans la légende, l'allusion au démarrage "par kick". Donc moteur il y a sous cette carrosserie assez joliment réalisée. Ensuite ? ensuite rien ! Ce qu'on distingue de la fourche avant jette un air à un Poney de Motobécane, sans garantie bien sûr. L'ingénieur Pain-qui-fume-la-pipe gardera-t'il à jamais le secret de sa réalisation ?
JUSTE POUR SOURIRE...
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