Sevré depuis 4 ans, le motard français a donc eu son Salon à la Porte de Versailles à Paris. Même si les nouveautés y furent rares car déjà dévoilées à Cologne puis Milan, la visite valait le coup d'œil ne serait-ce que pour être au courant de "ce qui se fait". Et puis il y avait une exposition de machines anciennes (plus ou moins), genre de piqûre de rappel pour ceux qui auraient manqué les Coupes Moto légende et le Salon éponyme (ça y est , j'en ai placé un !) de Vincennes. J'y fus donc à ce Salon faire mon marché et en ai rapporté ces quelques échantillons.
On a déjà vu cette Guzzi exposée en France, mais comment refuser un coup de Kodak à une pareille merveille mécanique chaque fois que l'occasion se présente ! 500 cm3, huit cylindres en V à 45° de 40 mm d'alésage (c'est petit !), double ACT commandés par cascade de pignons, refroidissement par eau, huit carburateurs de 20 mm, six vitesses puis cinq puis quatre, près de 75 ch à 12 000 tours/minute et une vitesse "annoncée" de 275 km/h ! Le retrait de la compétition décidé par Guzzi à la fin de la saison 1957 stoppa net le développement de la "Otto cilindri" née du fertile cerveau de Giulio Cesare Carcano en 1955. Deux exemplaires figurent dans la collection du musée de l'usine de Mandello dont celle-ci qu'elle a bien voulu confier à la F.F.V.E. responsable de cette exposition d'anciennes.
Déshabillée en vedette sur un podium installé par le Club du Motocyclettiste à Rétromobile (1998 ?), la V8 côté commande de distribution. Les tubulures au milieu du couvercle renfermant les pignons de distribution sont ceux de la pompe à eau. Cadre double berceau en tubes, fourche avant à balanciers avec éléments de suspension Girling. À l'arrière, le bras oscillant est ancré sur un énorme bossage venu de fonderie avec le bas-moteur en électron. Tête-à-queue de l'Histoire : le chevelu personnage à droite sur cette photo est Alain Grare, alors simple visiteur. Aujourd'hui membre de la F.F.V.E., il était le "commissaire" vigilant de ces podiums d'anciennes le jour de l'ouverture du Salon à la Presse. Pour le son de la Guzzi, taper "Guzzi otto cilindri" sur le ouèbe, où elle fait quelques tours - You Tube - dans les rues d'une ville italienne. Même si c'est un réplique (?), ça doit vous faire dresser les poils des bras !
Les Triplettes de Bonneville commencent à être très connues et leur projet actuel pour 2012 les fera connaître encore plus. Une première mondiale : 200 km/h, toujours sur le fameux Lac Salé, mais avec un moteur à air comprimé double ACT de 400 cm3 seulement. Ils se sont pacsés avec l'Institut Supérieur du Design de Valenciennes et ont obtenu un grand stand à la Porte de Versailles ce qui leur a donné encore plus de visibilité (utile ça, pour la chasse aux sponsors !). C'est d'ailleurs là que
ces photos ont été prises, avec un bien meilleur éclairage qu'à Vincennes où la bête a été présentée en public pour la première fois. Il s'agit d'une structure de travail préparatoire mais les grandes lignes sont déjà bien définies. Cependant, si on veut en savoir plus, il suffit de se rendre sur le site de l'Institut Supérieur du Design de Valenciennes où des images (comme celle ci-dessous) donnent un aspect de la machine très proche de la réalité. Magie des ordinateurs !
Un carénage de la partie avant et un tête-de-fourche sont évidemment prévus.
Retour au XXè siècle avec cette belle machine française de la fin des années 30, une Terrot culbutée dans une présentation "Luxe" révélée par ses jantes avec bande centrale de couleur, réservoir "Aerosport" chromé, guidon "Toréador" chromé également, compteur Jaeger incorporé dans le phare avec prise sur la roue avant, avertisseur électrique, etc. Toutes ces options étaient minutieusement tarifées sur catalogue.
C'est probablement la 1000 Vincent la plus répandue... sur le vouèbe ! À juste titre car elle est vraiment superbe avec ses freins à disque Campagnolo. Sauf erreur, le premier Campagnolo de ce type fut monté sur un 50 Mondial Record en 1966 et aussi, la même année, sur l'éphémère 4 cylindres 600 M.V. de tourisme. Dans l'un et l'autre cas la taille des disques différait, mais pas leur commande mécanique qui restait par câble(s)...
Chez Royal Enfield (qui n'est plus simplement Enfield) un sidecar d'inspiration britannique (quoi d'autre ?) dans une couleur très militaire. Manque tout de même le moteur Diesel pour emmener ça.
En 1961, un démarreur électrique, des clignotants, un frein à commande hydraulique (à l'arrière seulement), un twin parallèle de 21 ch à 8000 t/m : c'est l'Amérique ! Non, on se calme, c'est le Japon qui commence son offensive. Après Honda, Suzuki arrive avec cette 250 type T10 (ne pas confondre avec la T10 Bugatti 1909) au prix de 3090 F "qui laisse rêveur", écrira Moto Revue. Et le public de s'étonner du phare dont le portière est en forme de fer à cheval...
Bientôt la neige et le verglas sur les routes : certains ont pris leurs précautions de façon sans doute exagérée. Mais sait-on l'hiver qui nous attend, car il va bien y en avoir un d'hiver, non ?
La 500 Saturno est le modèle sans doute le plus connu de Gilera car sa vie fut longue. Au prix de nombreuses améliorations, cette culbutée de 22 ch née avant la guerre réapparut en 1946 et ne disparaîtra qu'en 1959, ayant gagné au passage une fourche avant télescopique puis une oscillante arrière avec deux amortisseurs séparés.
Après avoir pourri le jazz, l'électrification va-t-elle aussi pourrir la moto ? Voici qu'elle s'attaque au speedway, un domaine où règne "le bruit et la fureur". Le constructeur prétend que c'est écologique - bien sûr - puisqu'on peut ainsi pratiquer le speedway "en salle". Tu parles d'un avantage... et d'un intérêt pour le spectateur. Ça devait arriver, après le trial en salle et même l'enduro !
L'une des belles machines françaises des années 30, la 500 P 515 se tailla un beau palmarès en épreuves sur longues distances (Paris-Nice, Paris-les Pyrénées-Paris, etc), ainsi qu'une 2ème place au Bol d'Or 1934 remporté par une 350 Velocette simple ACT. Sans oublier une poignée de records sur l'anneau de Montlhéry dont les 3000 km à plus de 118 de moyenne. De série, la 515 était vendue pour 125 km/h.
Moins rapide, la première Peugeot de 1902 avec carburateur à léchage dans le réservoir.
Exercice de style chez Piaggio : les stylistes italiens n'ont pas perdu la main !
Une Ducati "Elite" au curieux double silencieux. Le silence y gagne ce que perd l'esthétique.
Sérieuse "préparation Bonneville" sur la 750 Triumph de Marco Raymondin, mais le succès l'a boudée...
Cylindre arrière de Ducati Pantah = nouvelle Borile originale avec carburateur et échappement inversés.
Stand "king size" chez l'américain Victory avec un mur dont le décor grandiose était censé représenter l'entrée de métro new-yorkais au "2011 Victory Street" (Victory, vu l'astuce ?). Bon. Bien sûr, des bicylindres en V à profusion puisque toutes les nouvelles marque étatsuniennes cherchent à avoir la peau des Harley & Davidson... en faisant la même chose qu'eux. J'ai jeté mon dévolu sur la "Ape Hanger", la bien nommée sans doute par dérision, par humour car c'est un surnom péjoratif collé il y a des lustres à ce genre de machine à l'immense guidon élevé à hauteurs des yeux et qui donnait au pilote l'allure d'un singe (Ape) accroché à sa balançoire (Hanger) dans les zoos. Humour, c'est à voir car, d'une part elle était aux limites du stand comme si elle ne faisait pas partie du catalogue, d'autre part, sur le site de la marque elle est photographiée en action (ci-dessous) mais dans un crépuscule réservé d'habitude à ce qu'on veut montrer sans le montrer, comme le "simplet" de la famille qu'on cache aux invités...
Une dernière pour la route afin de montrer à ses supérieurs bellifontains que le dénommé P..... B....... est un professionnel consciencieux qui n'hésite pas à plier le genou dans l'effort. Une si belle attitude devrait lui valoir une prime substantielle, à partager éventuellement avec l'auteur de ces lignes. Merci d'avance.