Installer et nourrir un cheptel de 240 mille bestioles sur mille mètres carrés de terrain est une tâche qui pose quelques problèmes. Et c'est bien ce que la dame fonctionnaire des impôts a dit à Gilles Grépinet lorsqu'il s'est présenté (au téléphone), comme auto-entrepreneur. Elle a finalement enregistré son statut d'éleveur après qu'il lui ait précisé que son "élevage" se composait... d'abeilles ! Encore le chiffre qu'il a fourni est-il établi à la louche en comptant 40 000 têtes pour chacune des 6 ruches concernées. Gilles est donc apiculteur, presque citadin, et plutôt api-motard puisque son activité personnelle - à part la préparation de pains d'épices car les abeilles bossent pour lui - est de réparer/monter/entretenir des motos. Anglaises, de préférence, et même exclusivement des Triumph T 100, T 120 et T 140 ainsi que la Royal-Enfield Interceptor et la BSA B44. Son amour des BSA remonte à la nuit des temps puisque déjà tout petit il roulait sur une 650 twin A10 alors qu'il n'avait même pas de quoi se payer un casque et des bottes pour remplacer ses charentaises. Pour preuve la photo ci-dessous datant de 1971 ! Mais sa machine était déja "caférisée" selon les canons de l'époque : garde-boue avant en alu, guidon-bracelets, pattes de phare allégées. Les jeunes couches d'aujourd'hui démangées par la "custom kulture" (kulture, ils osent !) pourraient en prendre de la graine...
Mise en scène bien bucolique grâce au massif de fleurs du premier plan en contraste prévisible avec le bruit des échappements "mégaphonés" de la 650 BSA !
Dès ses jeunes années Gilles était devenu une vedette des médias dont L'Éveil de Lisieux qui, en 1979, lui a consacré cette page largement illustrée (ci-contre). Il y racontait son peu de goût pour les motos japonaises "pas par snobisme, ajoutait-il, mais parce que j'aime bien tout ce qui se fait de vieux, et puis cela correspond peut-être à mon sens de l'originalité dans le domaine du deux-roues". Le "vieux" dans son atelier c'étaient, entre autres machines, une Motobécane 125 culbutée, une 350 Terrot Sport de 1930, une 350 Royal Enfield de 1953, une 350 Horex de 1954. Son rêve du moment c'était la 1000 Brough Superior et aussi une 500 Terrot RSS. On voit que Gilles était déja un amateur dont les goûts n'étaient pas vraiment mauvais. Lorsque on s'est retrouvés il roulait toujours sur une anglaise, c'était en Belgique au trial de Mons tracé sur un terril tout noir que la neige de novembre 1988 avait repeint en blanc. Malgré le froid et cette neige qui n'a pas cessé de la journée, ils s'amusaient comme des gamins, son passager Nénesse (Cromwel) et lui dans leurs Barbour aux qualités calorifiques pourtant... guère connues.
À défaut de la Brough de ses rêves, il avait une 500 BSA Gold Star BB34 de 1953 attelée à un caisse dans le genre "string" réalisée par Didier de La Dessa. L'ensemble était une "enclume" selon les critères du trial actuel mais pour les pilotes de l'époque c'était une merveille. Encore aujourd'hui, j'en connais qui ne la refuseraient pas, même si c'est simplement pour la mettre dans leur salon. Depuis mon balcon, je vois à travers la fenêtre d'un voisin son vélo de course accroché au mur de sa chambre, alors pourquoi pas une BSA ? (bien sûr avec une cloison et des chevilles solides...).
À Mons, cette année là il ne fallait guère compter sur les encouragements du public, mais le trialiste ne roule pas pour la galerie !
Sur la table d'opérations, une 500 Triumph Cheney en cours de finition...
... tandis que, moteur de 650 TR6 refait et cadre neuf, cette Rickman-Metisse va bientôt faire un heureux !
En costume de lumière, façon Dark Vador qui aurait blanchi au lavage, Gilles s'apprête à passer à l'action sur ses ruches.
Elles venaient juste pour voir les ruches, mais vous savez comment sont les femmes : dès qu'elles voient un nouveau costume il faut qu'elles l'essaie.
La BMW R50/2, c'était cette année, pour les Éléphants avec un départ de Normandie sous la neige qui n'a malheureusement pas tenu ses promesses jusqu'au circuit. Carrramba ! Encorrre rrraté ! Mais Gilles espère se rattraper aux prochaines Millevaches !
Gilles Grépinet vend ses pains d'épices (17 € le kilo) et effectue des envois partout. Toutes informations (miel et motos) par son mèle : gilles.grepinet@orange.fr