Le feuilleton continue et, fidèle à la loi du genre, présente des rebondissements. Il faut savoir que Jean-Claude Lamouroux, à l'origine de cette série d'articles est du genre acharné et consciencieux. Sans cesse à la recherche de renseignements sur sa marque favorite, il est allé moissonner quelques photos au Musée Chapleur d'Amnéville. Il n'a pas fait le déplacement pour rien comme on va voir...
À gauche, le moteur d'une Alcyon et à droite, celui d'une Lurquin-Coudert. Troublant, n'est-il pas ? Excepté le cache du système d'allumage absent sur la L-C, toutes les pièces sont semblables : cylindre, carter-moteur, lève-soupape, nombre d'ailettes et jusqu'au petit levier qui commande la vis de vidange. Seule différence apparente, la plaque en cuivre de la marque vissée sur le carter, un détail jamais relevé sur d'autres Lurquin-Coudert connues (jusqu'ici...).
Même jeu des ressemblances en comparant le côté transmission des deux machines (Alcyon à gauche). La similitude va jusqu'à avoir la même boucle au tube de graissage qui apporte l'hule au carter. Idem des bossages de renfort qui reçoivent les goujons de fixation des cylindres ainsi que celui destiné à recevoir le numéro-moteur. Absent sur l'Alcyon, celui de la L-C est N428.
La ressemblance entre les parties-cycle des deux machines est moins probante car faisant appel à des accessoires "adaptables". Cependant on retrouve la même fourche pendulaire "à ciseaux" sur l'une (Alcyon ci-dessus) et l'autre...
... ainsi que, ci-dessous, sur l'Alcyon 2 HP du catalogue 1906, par ailleurs identique à celle du catalogue de l'année précédente (les six photos ci-dessus sont de Jean-Luc Lamouroux. Merci de respecter ses droits sur l'image).
Enfin, pour écarter définitivement tout doute, voici la photo de Jamin, pilote Alcyon engagé dans les 1200 km du Concours d'Endurance Paris-Bordeaux-Paris de 1904.
Les documents sont maintenant sur la table, alors quelles conclusions en tirer ? Jean-Claude Lamouroux émet une hypothèse selon laquelle Lurquin-Coudert, fournisseur de moteurs industriels, aurait pu fournir également des moteurs à Alcyon. C'est supposer alors qu'une entreprise somme toute modeste comme L-C aurait eu la capacité industrielle suffisante pour livrer en quantité à Alcyon qui avait déjà une "surface commerciale" bien supérieure à la sienne... L'autre piste est celle d'un fournisseur de moteurs qui a permis a de nombreuses marques dont Alcyon de débuter dans la vie : j'ai nommé Z.L. (Zürcher & Luthi). Personnellement je voterais pour ces Suisses devenu plus tard un seul, Ernest Zürcher ayant été "remercié". D'autres avis ? (Note à benêt : merci de ne pas me refiler tout ce qui traîne à ce sujet sur le vouèbe, c'est à dire tout et son contraire).
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L'homme derrière cet épisode de l'industrie française : Charles Coudert
(Ces deux photos : Archives F-M Dumas ainsi que celle de la L-C restaurée en couleur ci-après)
Enfin, pour terminer sur un sourire (quoique...) quelques documents concernant des "restaurations" contemporaines. En février 2012, j'ai reçu un mèle d'Ed Youngblood, distingué tenancier du site américain Motohistory, mèle accompagné des trois photos ci-dessous. Un correspondant lui avait envoyé ça et Ed, saisi d'un doute, me demandait mon avis sur ce travail. Propre, bien fait, ça a coûté des dollars mais c'est naturellement sans aucun rapport avec une machine ayant existé. Un moteur de cyclecar dans un cadre de n'importe quoi. Dommage car il y a certainement de par le monde quelqu'un qui cherche ce moteur pour sa machine. Le correspondant d'Ed Youngblood a dû être déçu de la réponse.
Lorsqu'on se donne tant de mal pour cintrer des échappements, m'est avis qu'on peut faire mieux pour les raccords du circuit de refroidissement. Sans parler de ce trop mignon radiateur !
Transmission directe, ça doit pousser fort quand même !
Autre restauration à oublier (ci-dessous). J'ai appris depuis la publication de cette photo que la machine avait été bidouillée dans le centre de la France et qu'elle est partie depuis en Italie. Le renseignement m'a été fourni par un collectionneur qui l'avait eue en sa possession avant de la refiler à un autre. Ça me rappelle un jeu de cartes, c'est "le pouilleux", je crois...
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