En nettoyant mon ordinateur, j'ai appuyé sur une mauvaise touche et un paquet de photos du Bol d'Or de 1969 est apparu. Il y en a quelques unes en couleurs. Il semble qu'elles ont moins bien vieilli que les motos de la même époque, mais ce n'était pas une raison pour les oublier...
Plus de cinquante coupes devaient récompenser les meilleurs et comme il n'y a eu que 33 classés et 21 non-classés, chacun a dû avoir son bibelot. C'est devenu aujourd'hui un souvenir sans prix du Bol d'Or de la renaissance !
La Métisse 650 de Hordelalay-Meizoz a fait bien des envieux, même parmi les concurrents. Magnifiquement préparée, elle connaîtra pourtant de multiples problèmes d'allumage. Septième à la première heure de course, elle se retrouve quarante septième dans l'heure suivante et ne pourra plus remonter plus haut qu'à la 36ème place.
Autre belle anglaise, la Dresda 650 menée par deux journalistes de Moto Revue, Gilles Mallet et Christian Bourgeois, ne connaîtra pas un meilleur sort. Dès le début de l'épreuve il fallut démonter l'embrayage, puis c'est la boîte qui fit des caprices. La Dresda était la marque de Dave Degens qui installait des vertical-twins Triumph dans des parties-cycle Norton (d'où aussi le nom de Triton). Dresda continue aujourd'hui dans la même voie sans se cantonner au moteur Triumph. L'une de ses productions, un 1000 Vincent introduit au chausse-pied dans un Featherbed a fait récemment le bonheur d'un amateur étatsunien.
En 1969, admirateur sans condition des machines britanniques, j'ai porté peu d'intérêt aux japonaises. Ainsi, j'ai zappé dans le parc la photo de la Honda des vainqueurs, mais sur la ligne de départ j'ai eu un remords devant la 750 de Laprie-Frémin. Elle avait pourtant tout de la machine de série : réservoir, selle, échappements. Le clignotant arrière servait à éclairer la plaque du numéro et les bracelets étaient une transformation que beaucoup de propriétaires faisaient. Sans forcer, elle se classa 5ème, mais derrière trois redoutables 500 Kawasaki 3 cylindres.
Vous l'avez vue en couleurs, la voici en noir et blanc. Toujours aussi belle !
Le Bol 69 a été l'occasion de se retrouver pour plusieurs anciens journalistes qui avaient travaillé à Moto Revue. Par exemple ce jeune moustachu équipé en matériel moderne, Leica et Rolleiflex et qui signait du pseudonyme "Jean Junior" dans les années 50.
Réservoir bleu, filets blancs, carénage rouge : une façon pour Guignabodet-Baldé de "franciser" leur 250 Suzuki ? Blouse de magasinier et savates, l'assistance restait modeste dans son apparence.
Du haut de la tour de contrôle, Bruno Nardini rédacteur en chef de Moto Revue surveille son petit monde...
La tension commence à monter et "tous les gens qui n'ont rien à faire sur la piste" (selon la formule rituelle) se sont massés devant les stands. Parmi les "huiles", on distingue sur la gauche au second plan le Directeur de Moto Revue, Serge Pozzoli (de dos, costume clair avec brassard), en conversation avec Jean Murit (casquette à pompon), co-organisateur avec son BMW Club. À côté d'eux se tient Jean Lesueur, Président de la F.F.M. (main dans la poche). Derrière eux, il pourrait s'agir du champion Claude Delauné (?), trialiste sur Motobécane et qui courut le Bol dans les années 50. Un peu plus haut, à hauteur du caméraman et du gendarme qui déborde, on devine la chevelure argentée de Georges Monneret (avec lunettes). Fin du jeu des "Cinq Z'erreurs" !
Coup d'œil suspicieux (?) de l'un des pilotes de l'unique Velocette engagée par Bilger et Goepp qui n'avaient pas l'intention de se laisser ralentir par la nuit... Déjà en 1969, Ducati provoquait une passion violente.
Aimable pagaille sur la ligne de départ où l'on se prépare à un départ "type Le Mans". La Laverda 750 de Guili-Bertrand est au premier plan, mais c'est une autre Laverda, celle d'Appietto-Naudon qui donnera le plus de soucis aux futurs vainqueurs.
Jean-Pierre Drexler sur la 500 BMW-Fath qu'il partageait avec François Beau. À deux heures du matin, un serrage les forcera à l'abandon alors qu'ils se maintenaient parmi les 12 premiers.
Toujours la Velocette dans la chicane de bottes de paille créée devant la tribune.
Les 250 n'ont pas fait de la figuration, ainsi la Kawasaki de Lacorre-Bétemps termine en 7ème place et première de sa cylindrée, juste devant l'Aermacchi 350 de Costeux-Martine.
Certains heureux ont le sommeil plus lourd que d'autres...
La 600 Serie 2 de Gaillard-Gaillard ne visait guère la performance,... quoique le carénage... quoique le gros Münch à la roue avant... mais elle termine ses 24 heures en 21 ème position et devant des machines autrement plus rapides. Moralité : rien ne sert de courir, etc.
Inutile de préciser qu'il s'agit de la Honda victorieuse grâce à deux p'tits gars sur une moto préparée par les japonais. Ah, tout de même !
L'autre Kawasaki 250 (Gauthier-Schaller) sera moins performante mais se placera tout au long de ces 24 heures dans les 15 prmiers avant de finir 13ème.
La bonne fée de Moto Revue, Mamie Launay sous l'œil de Papy Launay (casquette, à droite), remet le bouquet de la victoire à Urdich, le blond et Rougerie, le brun. Si vous pouvez mettre un nom sur d'autres visages, ne vous gênez pas...