Les lyonnaises Éditions des Remparts eurent la bonne idée en 1962 de rééditer les aventures de "Mandrake le Magicien". Une jeunesse - enfin presque - sevrée de bandes dessinées de ce calibre qu'on ne trouvait ni dans Spirou ni dans Pilote et encore moins dans Tintin, fit un triomphe à cette série de fascicules bientôt suivie par les aventures du "Fantôme du Bengale". La qualité du papier et des couleurs aurait pu être meilleure (euphémisme !), mais le fantastique, le merveilleux, l'irrationnel imprégnaient ces p'tits mickeys avec, en plus, un parfum d'Amérique. La bande dessinée attira l'attention de quelques intellectuels, sociologues, dessinateurs, cinéastes qui fondèrent à Paris le Club de la Bande Dessinée (1962). Rapidement devenu très propre sur lui, ce CBD, nourri des grands héros des comics d'Outre-Atlantique (Superman, Batman, Dick Tracy, Tarzan, etc) devint le ronflant Centre d'études des littératures d'expression graphique (ouf !). Des dissidents s'en éloignèrent ensuite pour fonder la Société civile d'étude et de recherche des littératures dessinées (ça ne s'arrangeait pas...).
Et la moto dans tout ça ? Patience, on va y venir...
Tout ceci ne dépassait que de peu la théorie génératrice de colloques (ah ! les colloques !) mais pour la pratique il n'y avait pas grand chose à se mettre sous les yeux. Sauf chez deux cinglés de "l'expression graphique" qui avaient ouvert boutique, l'un à l'enseigne du "Kiosque" et l'autre à celle de "Futuropolis", en hommage à Pellos, le dessinateur de la bande d'anticipation du même nom (éponyme, quoi !). Fondé par Jean Boullet, auteur-dessinateur un brin caractériel et fou de cinéma-bis (épouvante et fantastique, tarzaneries des années 30), le Kiosque proposa les rééditions italiennes de "Flash Gordon". Grand format mais d'une qualité encore plus mauvaise que les productions des Remparts. Pour nous, c'était l'extase ! Boullet était aussi un fan de "Kalar", genre de Tarzan grand musclé (et beau), défenseur des animaux de la jungle (à gauche), un écologiste avant la lettre, mais vêtu en coureur de brousse avec Stetson et maniant le fusil contre les méchants. Personnage extravagant et haut en couleurs, bien que toujours vêtu de noir, Jean Boullet aimait à surpendre son monde. Portant le cheveu long, abondant et très noir, il apparut un jour de juin 1967 teint en blonde ! "C'était, me dit-il, un hommage à... Jayne Mansfield", l'actrice qui venait de mourir dans un accident de voiture décapitée par le pare-brise ! Érotisme et gore, tout ce qu'il adorait. J'ignore s'il a su que ce "détail" était faux, car suscité par une photo montrant la perruque de la vedette, mais pas sa tête... Peu de temps après le Kiosque ferma brutalement et Jean Boullet disparut. Des années plus tard, on apprit qu'il avait été trouvé mort en pleine campagne en Algérie.
Chez Futuropolis c'était plus classique (!) avec les Bécassine, Mickey, Bicot (et les Rantanplans) et autres Pieds Nickelés ou Zig et Puce, Prince Vaillant, etc. Le créateur, Robert Roquemartine, de ce qui était devenu une vraie librairie de la BD, éditait Comics 130 (le numéro de la rue du Théâtre à Paris où était le lieu) un fanzine qui donnait des nouvelles du petit monde de la BD et publiait quelques bandes favorites de l'éditeur. Parallèlement, se précisait aux États-Unis un renouveau d'intérêt pour les comics en fascicules relancés par la vieille firme Marvel. On trouvait les Fantastic Four, Hulk, Spiderman puis le Silver Surfer (le meilleur) chez Brentano's la librairie américaine de l'avenue de l'Opéra. Il fallait seulement guetter le jour de la livraison car le nombre d'exemplaires était limité. Je devins passionné par ces comics, moi qui n'avait connu que Coq Hardi dans ma jeunesse. Comme j'avais raté les premiers numéros, j'allais acheter des traveler's check à l'American Express pour payer les fascicules convoîtés car il était encore interdit d'envoyer à l'étranger un chèque de banque française. Jacques Sadoul qui avait démarré avec le CBD était un admirateur de Dick Tracy mais il était de plus en plus attiré vers la science-fiction. Il me céda un paquet de comics Dick Tracy dont j'étais devenu fan pour le trait de Chester Gould que j'avais découvert dans le New York Herald Tribune qui publiait Dick Tracy en bande quotidienne. En prime, j'obtins grâce à Sadoul l'adresse d'un spécialiste américain moins gourmand que les autres et qui faisait un petit commerce de comics anciens. Plus honnête aussi car d'aucuns ne se gênaient pas pour vous placer des machins pourris où incomplets. Un phénomène que j'allais connaître aussi en France un peu plus tard et dans un autre domaine.
La moto ? Oui, oui, c'est pour bientôt !
Le rapport de cette histoire avec la moto ? Il est important, essentiel, absolument considérable : j'essplique ! Habitué de Futuropolis qui se trouvait à quelques encâblures (1 encâblure = 200 mètres) de chez moi, j'y vis un jour des exemplaires de Moto Revue que Roquemartine avait achetés dans un lot d'albums de bandes dessinées. Je me mis à les feuilleter et tout un passé proche me revins à l'esprit : la rue de Cléry, Jacques Birger et ses gauloises qui devaient le tuer, Jacques Hubert à la rousse moustache frémissante, le rédacteur-en-chef Christian Rey qui nous faisait rire avec sa manie de glisser, hors de propos, un "excessivement" dans tous ses textes. Et notre coursier en D45 qui arriva un beau jour pour prendre son service au guidon d'une Triumph Tiger 100 flambant neuve ! Sciés qu'on était. Sans oublier l'ascenseur à claire-voie dans lequel le patron, Camille Lacôme, sillonnait en silence les étages de l'immeuble pour nous surprendre en pleine déconnade, séquence interrompue par un "Monsieur Rey, vous viendrez me voir" qui tombait du ciel ! Réprimande pour la galerie car Christian Rey était son neveu. Donc, gros retour sur une décennie que j'avais décidé d'oublier après avoir quitté Moto Revue pour défendre à titre gracieux la mère patrie outre-mer. Déjà bien atteint par la "collectionnite" des comics, j'allais y ajouter celle des Moto Revue. Là-dessus arrivent les débuts de la moto japonaise et je replonge ! Je m'abonne à la "revue rouge" puis, écumant les petites annonces je chasse les anciens numéros afin de reconstituer ma collection. Là encore je retombe, comme avec les comics, sur des margoulins qui proposaient des numéros en lot parmi lesquels vous trouviez des pages déchirées, manquantes, maculées par le petit dernier qui avait essayé dessus sa boîte de crayons de couleur. On est plusieurs à avoir été ainsi arnaqués par le même agent immobilier de la banlieue nord de Paris. Paix à ses cendres aujourd'hui, mais c'était tout de même un beau truand ! Il m'a bien fallu une dizaine d'années pour toucher au but, mais entre-temps j'avais renoué avec la vraie moto, pas celle de papier... Peu à peu j'ai délaissé la BD, du moins sous l'aspect collection et j'ai déménagé, loin de mes boutiques favorites. Un jour, j'ai su que Robert Roquemartine avait cédé son Futuropolis à Etienne Robial (Canal +) qui l'a transformé en une maison d'édition du même nom. Il n'est donc pas "co-fondateur" de Futuropolis ainsi qu'il est écrit ici ou là sur le ouèbe. De son côté, je crois que Roquemartine s'est consacré au lettrage de BD, en particulier pour Claude Auclair, un dessinateur "bretonnant" tôt disparu. Fin de la séquence souvenirs et on arrive - enfin - à la moto.
ALORS, LA BD À BONDY, C'ÉTAIT COMMENT ?
Dans cette zone commerciale d'une banlieue peu avenante, Céline (c'est son prénom et je n'en dirai pas plus) a apporté un vrai bonheur. Elle était là pour un shooting* mais elle a fait semblant de ne pas voir quelques canaillous - dont mapomme - qui pirataient cette séance en lui volant une poignée d'images. Pour celà, reconnaissance éternelle à Céline qui, par ailleurs, a tout pour incarner à l'écran une héroïne de BD !
* Si vous ne parlez pas le 'bobosapiens', sachez qu'il s'agit d'une séance de prise de vues.
Une manifestation un tant soit peu officielle, ça n'existe pas sans des BMW dans leur noire tenue officielle de Serie 2 à filets blancs. Elles étaient donc bien là, quoique un peu à l'écart. Vu la composition du proche "paddock", a t-on craint qu'elles fassent tâche dans le paysage ?
Parmi la grosse douzaine de machines présentées, il en était une plutôt rare. Et pour cause puisque elle arborait une marque qui n'existe pas. Sauf par la magie anglaise du "bitza", mais portée ici à un tel degré de réussite et d'élégance qu'on peine à croire qu'il s'agit d'une "invention". En réalité, c'est un croisement entre une partie-cycle de Norton Featherbed et un moteur Royal-Enfield ce qui donne une NORFIELD.
... C'est d'ailleurs fièrement "écrit dessus" son superbe réservoir en alu.
Beaucoup de travail, de jus de cervelle et d'huile de coude pour loger au chausse-pied ce gros moulin dans une cadre nullement prévu pour lui. Dans ce but, selon le propriétaire de cette Norfield, certains coupent carrément sa partie inférieure, ce qui le révulse littéralement. Ce moteur trouve son origine dans un twin 500 devenu ensuite un 700 qui fut obtenu en rapprochant deux moteurs Bullet 350. Ainsi, Royal-Enfield proposa d'abord la Meteor (36 ch), le plus gros des vertical-twins anglais. De quoi plaire au marché américain vers lequel louchaient alors tous les constructeurs d'Outre-Manche. Apparut ensuite une Super Meteor de 40 chevaux puis la Constellation de 50 ch (le moteur de cette photo). Ne restait plus qu'à lui trouver une partie-cycle à la hauteur de ses performances, ce à quoi s'employèrent divers préparateurs, mais aussi des amateurs doués comme ici. Beaucoup de pièces de cette machine comme le radiateur d'huile devant le bas-moteur, les repose-pieds, les flancs latéraux, l'arceau rigidificateur de fourche, etc, sont de fabrication maison. Pourtant leur auteur n'a rien d'un professionnel, c'est seulement un amoureux de la chose bien faite !
Cette machine est tellement exceptionnelle que chaque fois que l'on cherche "Norfield" sur le ouèbe, elle est à peu près la seule à être présente. Elle a même séduit le personnage ci-dessus "bien connu des services intéressés". Il sévit habituellement, micro en main, dans les réunions de motos anciennes, ce dont il profite pour vanter jusqu'à la nausée les mérites de certaine marque d'Outre-Rhin. Sans micro, il est tout aussi prolixe à partir du moment où il a un auditoire. Lors d'un procès en hérésie, devant un tribunal "anglois" présidé par un quelconque évèque Cauchon, cette photo lui sera comptée à décharge.
Bien plus plaisante à regarder, cette jeune demoiselle en hot pants* présentait la R-E Interceptor dans la publicité de la marque en 1969. Cette machine portée à 736 cm3 est la dernière de la lignée des gros twins Royal-Enfield (pour toute question subsidiaire et plus encore, voir le site d'où vient cette photo : http://www.burtonbikebits.net)
* Hot pants : platement (!) traduit en français par mini-short, ce qui ne dit rien de l'effet "hot" produit non pas sur celle qui le porte mais sur celui qui le regarde...
On apprécie le clin d'œil même s'il est tout à fait involontaire...
Comme un écolier qui cherche l'inspiration en regardant voler les mouches, Philippe Gürel s'apprête à signer (et plus encore, voir ci-dessous) le livre de la Fédération Française de Motocyclisme qu'il a contribué à illustrer (voir sur http://www.paquet.li/bd/catalogue) en compagnie d'une quinzaine d'autres artistes. Philippe Gürel est aussi l'auteur d'un portfolio de 16 images mêlant la moto et des dames. C'est en vente 30 € par lui-même et par son mail : xobulex@yahoo.fr
À gauche, le dessin destiné à moi-même personnellement là qui vous cause. Le gribouillis en dessous est un ajout de Philippe Gürel très ému et qui écrit que "C'est ma première dédicace dans un livre". Je jurerais que j'ai vu une larme au coin de son œil !
HERITAGE IMPORT c'est lui, alias Jean Burdet le toujours actif militant de la cause sidecariste. Il l'a abondamment démontré à Bondy, offrant des "initiations sidecars" à qui le voulait dans l'élégante caisse destinée à l'origine à un attelage avec le Van-Van Suzuki. Le scooter est un LML Star d'origine indienne et non un Vespa même s'il a l'esthétique de l'italien. Un accord commercial est à l'origine de cette similitude, LML ayant produit pendant de longues années les carrosseries du "Vespa Indien". Grande différence en revanche dans la mécanique car le LML possède, en position centrale, un moteur 125 quatre temps à arbre à cames en tête. Sur commande il existe un 200 cm3. Heritage Import loge au 29, rue Marcelin Berthelot 94140 Alfortville tél : 01 43 75 68 92. Sur le ouèbe : http://www.heritage-import.fr/
Naguère, Willem le dessinateur du quotidien Libération a créé une catégorie de dessinateurs qu'il a nommés les "paschiadins". Il y rassemblait ceux qui ne "chiadent" pas leurs dessins, au contraire de ceux de la "ligne claire" représentés par la multitude des enfants de Hergé. Sans aucun doute, le dessinateur suisse Von Gemüz est de cette catégorie. Il se présente comme artiste "ethno-rock" et son travail va de la réalisation de fresques aux motifs de Tee-shirts en passant par l'illustration humoristique avec une forte dominante motocycliste.
Lorsqu'il ne travaille pas à son chalet à 1300 mètres d'altitude, l'air pur inspire à Hervé Stettler (son vrai nom) des visions originales mais de grande précision. C'est que il a beau être peintre il est aussi motard (et réciproquement) sur BMW. Que voulez vous, personne n'est parfait !
C'est à ce genre de détail qu'on reconnaît le véritable connaisseur ! Mais tout le monde n'a pas le droit d'arborer cette décalcomanie.
André Chardin, patron du Club Triton en passe de se reconvertir au 4 roues. Mais seulement au volant d'un Hummer petit modèle (à peine 250 chevaux ou 300 selon tarif...).
Finalement il a quitté Bondy aux commandes de son fidèle Triton, au premier plan de cette belle ligne de départ pour un 400 mètres D.A.
Quoique s'il mettait sur le marché son 4 cames Robinson (introuvable aujourd'hui), il aurait déjà de quoi faire un premier versement sur un Hummer H3.
Entre deux dédicaces, Thierry Dubois (à gauche) amuse le dénommé Kimble avec des images de son téléphone. Tandis que Thierry, illustrateur attitré chez la Vie de l'Auto, Charge Utile, etc, signait des albums plutôt tournés vers l'automobile, Kimble proposait "Deux pour cent", un livre qui prouve qu'une idée fixe peut devenir une œuvre littéraire et... motocycliste.
C'est Alexis Segarra qui a signé cette belle évocation d'une compétition du début du XXè siècle (double page de garde du livre de la Fédé). On reconnaît Fournier sur sa "Bête de Vitesse" entre les deux derniers coureurs. Au milieu, le plus haut sur la piste pourrait être Derny et son bi-en V Clément. Pour les autres : joker !
Je viens de demander à Sauvadet (dessinateur, à gauche), et à Burdet de faire un sourire pour la photo. M'est avis que le résultat est mitigé...
Encore une machine pour aller vite et plus vite encore grâce à un allumage par magnéto Hunt placé dans un endroit bien exposé.
Sur le site de l'américaine magnéto Hunt, on trouve ce modèle avec couvercle en plexi transparent. Ce qu'il ne faut pas faire pour explique l'électricité aux petits n'enfants !
Publicité clandestine avant la publication d'Astérix chez les Pictes ? Personnage en avance ou en retard, échappé d'une autre réunion dans le hall où nous étions ? Je n'ai aucune explication à donner sur cette photo et la présence de cet Écossais. Cependant, maxima culpa comme ils disent, j'ai failli à mon devoir de journaliste puisque j'aurais dû poser des questions à Christophe, responsable des lieux. C'est grâce à lui que cette réunion BD & Moto a pu avoir lieu malgré la défection de celui qui en avait lancé l'idée avant de disparaître dans la nature...
Dans ce travail d'organisation in-extremis, Christophe a été épaulé par les dessinateurs Mickson et Tizzoni, actifs pourvoyeurs aux exposants de divers produits revigorants, tandis que Philippe Gürel réalisait le T-shirt commémoratif. Les visiteurs n'étaient d'ailleurs pas oubliés qui ont pu se restaurer sur place. À l'extérieur, avec vue sur le parking des motos du Club Triton une buvette proposait des frites-saucisses dont l'une, à la fourme d'Ambert, était un vrai régal. À l'intérieur, plus sophistiqué, le chef avait inscrit du homard au menu ! Un homard entier à 10 € acheté le matin même à Rungis... C'est parfois utile d'être installé dans une zone au milieu de société de transports. En plus, le bruit des motos n'y gêne personne...
Remerciements donc à Christophe qui, le reste du temps officie à l'enseigne de LOGO LIVE, spécialiste de sérigraphie sur tous supports (y compris à thèmes moto, ce qui fait le lien avec notre milieu). Toutes informations sur : www.logolive.fr ou logolive2@gmail.com
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