Depuis que Moto Journal a publié son article (n° du 3 juillet 2014) sur le rappel des BMW R 1200 RT et GS risquant de mettre en danger leurs utilisateurs (par exemple casse de la tige de l'amortisseur, rien que ça) la marque "premium" est dans ses petits escarpins. Sans excès cependant si l'on en juge par la désinvolture avec laquelle elle traite certains des propriétaires des 26 000 motos "rappelées" dans le monde (prêt d'une voiture BMW à l'un qui n'a pas le permis auto...). En réponse aux questions - nombreuses et précises - de Moto Journal, les responsables de la "communication" de la marque ont sorti les rames en France et en Allemagne, tout en se livrant à un concours de langue de bois en vrai bois d'arbre. Pendant que l'un parle "d'optimiser les processus et améliorer la qualité" et bétonne à coups de "nos standards internes qui sont très élevés " et "nos hauts standards de qualité", l'autre embraye sur "notre politique de qualité" et autres "suivi de la qualité". Avec, en conclusion, la promesse "d'assurer la solution la plus rapide et la plus premium (quel jargon !) à chacun de nos clients". Auparavant, on avait appris que "l'analyse du problème, la définition des mesures correctives (...) a demandé (...) un certain délai". Le délai en question fait que c'est seulement à la mi-août que "les clients pourront rouler à nouveau sans aucun souci", alors que depuis le 12 juin 2014 BMW France a interdit à ses clients de rouler avec leur 1200 RT. Soit deux mois sans bécane dans le meilleur des cas...
Ce n'est pourtant pas d'hier que ses fidèles voient BMW glisser sur une pente savonneuse. Même si c'est pour d'autres raisons le résultat est identique. C'est sur le blog de Didier Falleur que j'ai trouvé un genre de lettre ouverte (du 7 octobre 2013), qui résume bien la situation. La voici en intégralité, et avec la bénédiction de son auteur :
" Levallois Motos devient MotoRino"
"Levallois Motos a perdu son panneau BMW. Depuis combien de temps cet établissement représentait-il cette marque ? Je ne sais pas exactement mais en 1963 une facture ne mentionne que les marques Terrot, BSA et Motobécane, déjà plus que respectables. Motard de presse à l’agence Angéli entre 1986 et 1991, située elle aussi à Levallois- Perret, c’est naturellement que je faisais entretenir ma K75 de service dans cet établissement.
" Quand Bertrand Crépy a repris cette honorable maison dans la fin des années 1980, c’est tout aussi naturellement que je confiais ma moto à ses mécaniciens qui avaient suivi la mutation.
" Un peu plus tard, après des déboires professionnels dus à une certaine crise de 1993 alors que je tentai de survivre dans ma petite entreprise de restauration de motos classiques et prestigieuses (Britam à Gèmenos), Bertrand Crépy m’a proposé de rejoindre son équipe. Je n’ai pas hésité une seconde et nous avons collaboré durant 5 années avant que ma destinée ne me dirige vers la Belgique ou mon métier de professionnel de la moto s’est encore enrichi.
" Nous sommes restés en contact permanent, soit lors de visites dans son établissement où je retrouvai avec plaisir mes anciens collègues avec qui j’avais passé tant d’heures (à s’engueuler parfois mais à bien rigoler aussi…) soit lors de coups de téléphone avec « la caissière » ou le chef d’atelier.
" Levallois-Motos était une sorte d’institution dans le monde de la moto, une carte de visite professionnelle indéniable et qu’elle ne fut pas ma stupéfaction d’apprendre cet été que le mariage avec BMW était rompu. La décision bien sûr n’émane pas du concessionnaire mais bien de la maison mère (peut-on encore utiliser ce terme qui se rapporte plus à un sentiment nourricier plutôt que dévastateur quoique parfois …..). Mais ces carnassiers de la finance et du marketing n’ont de loi que la leur et si vous ne rentrez plus dans leurs schémas vous disparaissez illico, même si vous vous êtes donnés corps et âme pour cette marque pendant plus de 30 années. Investir, investir, s’agrandir, s’agrandir, se plier aux marché quitte à transformer un établissement où l’on parlait encore entre personnes pour le transformer en cathédrale prétentieuse et ou les euros remplacent l’humain.
" Je n’achèterai plus de BMW même si je roule encore sur cette marque mais mon vieux flat (poussif), je l’ai acheté chez Levallois quand j’y travaillais, vient de fêter ses 20 ans et 150 000 km. Mais les nouvelles ne sont pas toutes si mauvaises et Levallois Motos continue de vivre sous le nom de MOTORINO et devinez pour quoi faire : Piaggio et MOTO- GUZZI et quand on sait que cette marque a été créée en 1921, soit 2 années avant BMW (et paf !!!), on reste donc dans l’histoire de la moto et je suis sûr que MOTORINO en sera une digne représentante.
Longue vie à MOTORINO. Tchao e ci vediamo pronto…
Didier Falleur
(On le retrouve sur son blog : didier-falleur.over-blog.fr sur lequel il conte ses superbes randonnées en montagne, distribuant bons et mauvais points au hasard de ses haltes en refuges, comme il l'a fait avec béhême !
P.S. : Levallois Motos est devenu concessionnaire B.M.W. en 1959 comme le montre la publicité jointe (ci-dessus), parue dans Moto Revue du 24 janvier de cette année. Les annonces précédentes ne mentionnaient que BSA et Ariel.
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En prime, des confrères de Didier...
... dans son ex- profession, s'entend, car ces deux lascars viennent de boucler le Paris-Tours cycliste de 1956. Ils auraient dû figurer dans l'article sur les motards de presse si j'avais remis la main à temps sur cette photo. Il est probable que la BSA twin (500 ? 650 ?) venait de Levallois qui était alors le spécialiste de la marque pour la presse, tandis que la BMW était le domaine (très) réservé de Latscha. Un léger doute me vient néanmoins : sont-ce des motards de presse ou des photographes, car ils tiennent des appareils grand format des reporters sportifs de l'époque. Maintenant le doute m'habite...
La suite se trouve ici : http://zhumoristenouveau.eklablog.com
AVIS AUX AMATEURS : J'ai remis la main sur une dizaine d'exemplaires du livre "Les Motos des Français - Un album de famille 1945-1970". Un chèque de 40 euros - port compris - fera de vous un homme (ou une femme) heureux (heureuse).Tous renseignements complémentaires : janbour@free.fr