C'est un mouvement qui a remué la terre entière malgré des à-coups de communication d'un continent à l'autre, voire d'un pays à un autre. Le flower power est né de la volonté de jeunes Américains de refuser une civilisation qui n'était pas encore dite "de consommation" mais en prenait bien le chemin. Pendant les années 60/70, toute une jeunesse devint hippie où ce qui y ressemblait. Il fallait Faire l'amour pas la guerre, sans oublier Peace and Love ma sœur (ou mon frère) et viens-t'en élever des chêvres avec moi au pied des Cévennes en écoutant pousser l'herbe. Cette volonté de rupture trouva son point culminant aux États-Unis lors de manifestations pacifiques contre la guerre au Vietnam. Offrir des fleurs ou les glisser dans le canon des fusils de la police (militaire) ou de soldats de la Garde nationale est un geste qui fit le tour du monde grâce à la photo de George Harris prise par Bernie Boston en 1967 devant le Pentagone (ci-dessus).
Comme de juste, la bien nommée société "de consommation" récupéra seulement l'écume des ces mouvements, la mode en tête. On devint "éthique" comme des fous, alors qu'on ignorait le mot une heure auparavant. Les "doudounes afghanes" dont il était question ici à propos des records Bourgeois sont l'un des symboles de cette mode, de même que les pantalons pattes d'eph, les chemises à fleurs ou les sabots en bois (suèdois). J'allais oublier les cheveux longs des hommes ! La publicité ne fut pas en reste. On mit des fleurs partout dans les graphismes, les couvertures des magazines, etc. D'un coup, tout devint "psychédélique" (ta mère). Le hippie vraiment cool ne se véhiculait qu'en minibus Volkswagen qui, à l'occasion, servait aussi de dortoir et de fumoir particulier... On devait impérativement le décorer en le couvrant de fleurs et de symboles pacifistes. Si l'on envisageait de fonder une communauté (cévenole...) on passait à la taille XXL sous forme d'un vieil autocar tout autant décoré. La moto céda peu à ces pinturlures, ne serait-ce que par manque de surface disponible : un peu sur le réservoir, une touche sur les garde-boue et basta. En revanche, dans les annonces publicitaires, ce fut un délire. Ridicule aujourd'hui, soit, mais on a fait bien pire depuis. Pas dans le même genre, bien sûr, mais pensez un peu à la façon dont on les regardera dans quelques décennies...
Plutôt que de vous engager dans des frais de peinture sur votre moto, ASTRO proposait pour la "customiser" des fleurs auto-collantes en... vinyl. Ainsi votre bécane était "groovy" (à la mode, super, cool, "tendance" comme on dit aujourd'hui. Le terme vient du langage des musiciens de jazz.). Pour donner un exemple, on pourrait dire qu'une BMW n'est pas "groovy" alors qu'une Ducati Diavel l'est. La preuve, c'est la seule machine qui a droit de cité dans les pages publicitaires en quadrichromie du supplément du quotidien Le Monde. C'est tout dire !
(Pour vous éviter de vous abîmer les yeux, voici la phrase qui entoure (qui noie) la photo ci-dessus : THE PSYCHEDELIC SCENE IS WILD WITH ASTRO GROOVEES)
Il faut se chatouiller un peu pour trouver que la Norton Commando était "groovy", mais sa pilote l'est, incontestablement. Large chapeau, pull coloré genre vaguement ethnique, ceinture lâche sur les hanches et bottes lacées, la panoplie est complète. Pour en revenir à la moto, la Norton Commando version "Hi-Rider" serait la plus proche du groovisme, mais elle a déjà été traitée ici le 03/12/11.
Dans la panoplie zippie, on aurait tort d'oublier la perruque ébouriffante inspirée du look "afro-américain". Ici le costume très aéré est plus chobize que hippie, mais cette page de publicité est italienne, pays chaud par définition.
Si le ridicule tuait, les deux figurants de cette photo aurait dû être foudroyés sur place. De même que le photographe qui a signé cette miteuse mise en scène. Garelli méritait mieux !
Le cyclo Honda P50 n'est là que pour "faire moderne et jeune" puisque le magazine qui a habillé ces deux jouvencelles présentait la mode des moins de 20 ans. Les sabots sont une interprétation italienne du modèle suèdois. Pantalon pattes d'éph ou lunettes de soleil "hublot", tissu imprimé cachemire du chemisier et du maillot de bain sont définitivement "sixties".
"Les Parapluies de Cherbourg" (1964) ont durablement impressionné les "créatifs" auteurs de cette scène montée autour d'un cyclomoteur Puch VZ 50. Néanmoins, on se perd en supposition sur sa signification au vu de l'indifférence du pilote et des jeunes personnes qui lui rendent bien la pareille.
Spécialiste de la fourniture de pièces pour BSA, Triumph, Norton et Royal Enfield, la société Burtonbikebits réutilise une authentique publicité d'époque actualisée pour cette Rocket 3. Le genre se rapproche de celle de la Norton Commando publiée plus haut et le remarquable de la chose est que ce sont des femmes qui présentent ces machines "machistes" entre toutes. Idem pour la Suzuki T500 et rebelote ci-dessous avec la GT 750 de 1972, encore une Suzuki...
... dont le texte établit un parallèle entre Cristina, blonde aux yeux bleus et la moto des "Nouveaux Samouraïs". Elle vous permet - la Suzuki - de faire "Milan-Rome d'une seule traite et d'arriver en forme pour attaquer une nuit de fête".
Jamais en retard pour "tirer au vol une idée qui survole Paris" (in Monographie de la presse parisienne - Honoré de Balzac), notre Jojo national qui a raté Mai 68 se rattrape en 1972 avec "Jesus-Christ est un hippie". Paroles signées de Jacques Lanzmann et Philippe Labro, deux lascars pas maladroits eux aussi au tir des idées, qui s'attirèrent ainsi les foudres de l'Église et des talibans français de l'époque. Entre temps, Johnny avait tourné dans "À tout casser" (jugement nettement exagéré s'il s'applique au film...) où il pilotait cette Norton "chopperisée" tandis que lui-même était décoré dans un style hippisant (Photo Jack Burlot).
Si vous avez la nostalgie de ce temps, rien n'est perdu ! En cherchant un peu sur le Net, on trouve ce genre de choses, mais je ne crois pas que la perruque soit comprise avec la liquette. Ça doit pouvoir se trouver ailleurs.
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Important : Plusieurs des documents ci-dessus viennent du site néérlandais motorparade.nl qui rassemble des tonnes de publicités, couvertures de revues, auto-collants publicitaires, etc, de tous les pays, États-Unis compris. Si vous tombez dedans, munissez-vous de sandwiches et de boissons car vous risquez d'y passer des heures !
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