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Fuckbook ressuscite le Code Hays ?

AUX JEUNES COUCHES, on rappellera que le sénateur William Hays a attaché son nom à un "code" destiné à autoriser et - surtout - interdire certaines scènes, sujets, dialogues, objets, etc. dans les films américains. C'est pourquoi, de 1934 à 1954, il fut interdit de montrer à l'écran deux personnes (même mariées) dans le même lit, idem d'un baiser de plus de 30 secondes (!), et en général toute scène évoquant l'alcool, la drogue, la violence, la prostitution, les jeux d'argent, etc. Certaines parties du corps, que l'on devine, étaient proscrites dont, plus surprenant, le... nombril ! Ce qui en dit long sur les préférences amoureuses du sénateur Hays. Ou ses perversions...

LE GÉNIE HUMAIN EST SANS LIMITES

Les réalisateurs américains ne tardèrent pas à élaborer des techniques de détournement afin de maintenir leurs intentions en narguant les censeurs. Le plus célèbre d'entre eux (d'origine britannique) fut Alfred Hitchcock, spécialiste de "l'entrée d'un train à vapeur dans un tunnel" et qui signa le plus long baiser du cinéma entre Ingrid Bergman et Cary Grant : 3 minutes de multiples séquences de quelques secondes entrecoupées de brèves phrases. On a connu aussi la casserole de lait débordant sur la cuisinière à gaz, l'éruption volcanique, le feu d'artifice concluant un baiser, la cascade de montagne et autres trouvailles. Quant au nombril, élément essentiel de toute bayadère normalement constituée, la solution fut évidente : un bouchon de carafe le plus somptueux possible fit l'affaire.

Gina Lollobrigida (à gauche) et Anita Ekberg se sont pliées aux règles du "code"... Le soutif de la première est un remarquable modèle d'hypocrisie.

Ces joyeusetés perdirent de leur sens à partir du milieu des années 50 et se sont perdues dans l'oubli. Mais peut-être pas perdues pour tout le monde car, à l'instar de "la bête immonde dont le ventre reste fécond" la censure montre son mufle chez... Facebook ! Il y a quelques jours, j'ai publié sur ma page et sous mon nom les trois photos ci-dessous trouvées sur le vouèbe, représentant des publicités parues dans la presse italienne en 1973, soit il y a 45 ans.

 

Surprise ! Surprise ! Quelques jours plus tard, impossible d'ouvrir mon Facebook, et à la place je vis s'afficher cette injonction lapidaire...

Aujourd'hui, chaque fois que je clique sur mon FB apparaît le tableau ci-dessous, bien que j'aie déjà cliqué sur "DÉCONNEXION" dans ma page... Le procédé s'est affiné puisque les trois photos "litigieuses" sont comme noyées dans un groupe, façon jésuite d'en banaliser le choix et d'atténuer la brutalité du premier "avertissement".

Autrement dit, Facebook n'autorise pas la publication d'un "contenu inapproprié" sur le réseau avec cette injonction sans réplique. En fait, en bons coincés du luc, c'est surtout le "nu" qui les révulsent. On aimerait que la même rigueur s'applique dans les textes que véhicule ledit Facebook. On y trouve des écrits sexistes (Ah, l'humour des blondes...), homophobes, racistes, antisémites, islamophobes - on en passe - qui devraient déclencher des rafales d'exclusions, voire des poursuites judiciaires. Mais pour ça, il faudrait que les "modérateurs" se donnent la peine de LIRE ce qui est publié au lieu d'agir en CENSEURS. Évidemment, ceci demanderait un autre effort qu'un coup d'œil sur une photo, ce qui est à la portée de n'importe quel analphabète. (Info de dernière heure : Mark Zuckerberg a annoncé l'embauche de 3000 modérateurs qui rejoindront les 4 500 déjà existants. Mais pas un mot sur leur "qualification"... Un porte-parole de FB a vendu la mèche dans le quotidien Le Monde en déclarant : "Certains de nos modérateurs manquent de culture, alors ils censurent sans savoir" ). On allait le dire...

LA LEÇON DE "MORALE" D'UN ÉVADÉ FISCAL

Il m'est revenu à l'esprit d'autres Facebookeries du même genre, du moins avec les mêmes éléments toutes proportions gardées. De la photo de "L'origine du monde", œuvre de Gustave Courbet exposée au musée d'Orsay, jusqu'à une affiche prônant la lutte contre le cancer du sein, en passant par le tableau "La Liberté guidant le monde" (Delacroix) avec sa Liberté poitrine nue, on trouve des dizaines de "contenus" censurés par FB. Dernier (?) cas français, la photo de Mireille Darc postée par Frederic Beigbeder à l'occasion du décès de la vedette : on y voyait un téton de sein...

Depuis la Révolution française de 1789, artistes, peintres, journalistes, poètes, cinéastes, vidéastes, éditeurs, écrivains, créateurs en tous genres se sont battus contre toutes les interdictions qu'elles soient d'ordre politique ou religieux. La censure a connu des heures fastes et des heures de disette suivant les régimes. Aujourd'hui elle est heureusement en veilleuse. Mais il ne faudrait pas que des diktats comme celui de Facebook lui redonnent des couleurs. C'est que maintenant un autre danger menace, énoncé par David Remnick - un Américain ! - rédacteur en chef du prestigieux New Yorker qui a déclaré : "(Facebook) pourrait être la plus grande entreprise de surveillance de l'histoire humaine". Avec "1984" George Orwell a écrit un grand livre dont on a cru que c'était une fiction. C'est en train de devenir une réalité...

RIPOSTE EN ORDRE DISPERSÉ

Le président de FB, Mark Zuckerberg a été dans le collimateur du Congrès américain pour le trafic opéré sur des millions de données personnelles (Affaire Cambridge Analytica). De son côté, la Commission de Bruxelles met sur pieds un règlement général sur la protection de ces données (RGPD) prônant transparence, instauration de voies de recours, répression des "fake news", etc. Même si l'Allemagne traîne des pieds sur la question de taxer de 3 % le chiffre d'affaires que produit l'exploitation des données par les géants du vouèbe, une normalisation est en route (en marche ?...). On note cependant que le titre Facebook a regagné 7 % depuis les démêlés de Mark Zuckerberg, ce qui va lui rapporter quelques milliards de plus.

En tout cas, ça ne sera pas avec mes données à moi. Elles valent ce qu'elles valent, c'est à dire peu, mais je supprime mon compte... et je l'écris en anglais pour que ce soit bien compréhensible par les "modérateurs" : 

FUCK YOU FACEBOOK !

   

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J
Et comme aurait pu dire Coluche : le meilleur moyen pour que ça se vende pas, c'est de pas acheter.<br /> Pareil pour Fesse Bouc. On n'y va pas et on reste serein. <br /> Et comme le souligne jackymoto, la messagerie normale ou le pigeon voyageur donnent des résultats satisfaisants.
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I
On pourrait disserter des heures sur le puritanisme américain et l'hypocrisie qui va avec... Censurer des oeuvres d'art bien innocentes à l'heure où le porno le plus trash est en libre-service sur le web, à quoi ça rime ? <br /> Même si on atteint le comble du ridicule, le fait est qu'il s'agit de leur culture, et après tout cela les regarde. Ils font ce qu'ils veulent chez eux.<br /> Ce qui est intolérable, c'est de l'imposer à la terre entière, et sans aucun discernement... A la poubelle la Vénus de Milo ?<br /> Moi je reste sur Facebook, mais entre nous, les femmes à poil ce n'est pas vraiment mon truc, alors j'ai vraiment peu de chances de subir cette censure d'un autre âge.<br /> Et ce n'est pas grave que vous n'y soyez plus, Jean, on continuera à suivre votre blog !!<br /> Bien amicalement,<br /> Isabelle
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J
Ben oui, en Amérique on floute la bite d'un gamin de deux ans dans les films,<br /> mais on peut toujours se balader avec une mitrailleuse lourde dans sa bagnole. <br /> Quant aux dialogues de chauffeurs routiers dans les films <br /> il n'y a plus que des bip pour cacher les "fucky' gros mots! <br /> Face de bouc, ça sert à retrouver des potes perdus depuis longtemps<br /> ensuite, on utilise la messagerie normale.
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