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Cinémoto à l'italienne (Suite)

En 1957, Michelangelo Antonioni n'est pas encore devenu l'un des "maîtres" du cinéma contemporain mais il a déjà signé plusieurs films importants dont Le Cri (Il Grido). Mal accueillie en Italie, cette œuvre connaîtra cependant un grand succès international. L'histoire raconte l'errance de Aldo (Steve Cochran) qui déambule de femme en femme à travers une triste Italie des petites gens "sans importance". Arrivent des "vigile" avec leurs Guzzi qui s'arrêtent à la pompe à essence que tient Virginia (Dorian Gray), veuve qui n'a pas renoncé à l'amour...

... qu'elle croit pouvoir retrouver auprès d'Aldo, mais c'est une désillusion pour tous les deux. Aldo mène une machine sans doute issue d'une carrière militaire que le site IMCDB identifie comme étant une Bianchi 500 Freccia Azzura. 

Si la marque citée est bien exacte, il y a erreur sur le type. En effet, la Freccia Azzura est une culbutée luxueuse des années 30, qualifiée de "Sport" voire "Supersport". Autre curiosité, la latérales d'Aldo est dépourvue de son changement de vitesses d'origine par tige et secteur au réservoir : une nécessité afin de la livrer aux mains d'un acteur novice en pilotage motocycliste ?

Comme de nombreuses motos italiennes, et bien avant les machines d'autres marques européennes (suivez mon regard...), les Bianchi reçurent une suspension arrière oscillante. Différente de celle de Guzzi ou Gilera, elle conjuguait les systèmes oscillant ET coulissant : le débattement d'un bras oscillant articulé derrière le moteur est contrôlé par une partie qui coulisse dans un tube vertical solidaire du cadre. La partie supérieure est ici dotée d'un réglage de la dureté du débattement selon le poids du pilote et de son éventuel passager, mais ce n'est peut-être qu'une option.

"Mamma Roma" (1962) est un film italien à 200 % avec : réalisateur italien (Pier Paolo Pasolini), vedette principale italienne (l'immense Anna Magnani), son fils (Franco Citti), décors (Parc des Aqueducs à Rome), motocyclette italienne (Gilera).

Prostituée décidée à se "ranger des voitures", Mamma Roma (Anna Magnani) change de métier et s'installe avec Carmine, son fils (Franco Citti) qui ne sait rien de sa vie passée. Pour le détourner de ses mauvaises fréquentations, elle lui offre une moto qu'elle essaie avec lui... appliquant tout de suite les codes de la circulation en Italie où fleurit le "cornuto" (ci-dessus à droite). 

Malgré un compteur gradué jusqu'à 140, les 9,5 ch la Gilera 150 ne lui permettaient pas de dépasser les 105 km/h. Cependant, le gain de quelques centimètres-cubes obtenu par rapport à la 125 lui ouvrait les autoroutes italiennes interdites aux petites cylindrées après l'instauration du nouveau Code de la route en 1959. Il semble me souvenir que la Commère (Fred Tran-Duc) de Moto Journal a évoqué le sujet dans son voyage autour du monde avec la Yam 80 DT (ou GT ?) dont il négociait le passage aux péages italiens contre des revues pornos... 

Malgré son "cornuto" narguant l'automobiliste qu'il vient de dépasser au volant de sa Lancia Aurelia, Vittorio Gassman le cynique ne pourra conjurer la malédiction que son geste est censé écarter, provoquant le mort de l'innocent et naïf Jean-Pierre Trintignant (dans "Le Fanfaron", 1962 - Dino Risi).

Cruel et drôle, grinçant et émouvant, Le Fanfaron (Il Sorpasso, en italien) est aussi une ode à la mécanique italienne à quatre, trois ou deux roues que l'on voit défiler sur la route, devant, derrière ou à côté de la spectaculaie Lancia Aurelia six cylindres en V de 120 ch.

Sans trop d'effort, la Lancia double une petit famille en sidecar Guzzi Astore... 

... qui se pilote en chapeau d'été tandis que ces dames se protègent d'un foulard noué sous le menton, y compris la grand'mère dépositaire d'un héritier plus jeune que celui dont on aperçoit la tête sur la photo précédente.

Dans les dernières séquences du film, la Lancia suit un motocarro dont le petit passager fait un signe aux deux suiveurs, juste avant la tragédie qui va suivre. On comprendra après coup que c'était un vrai signe d'adieu...

(Bientôt la suite de la suite...)

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S
Beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte. un blog très intéressant. J'aime beaucoup. je reviendrai. N'hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo). Au plaisir
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Z
Your wish is my order, petite madame
Y
Troisième volet de l'article toujours aussi intéressant ! MERCI pour toute cette doc. J'ai fait un renvoi sur votre blog depuis le mien concernant les tricycles
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