À la recherche du mystérieux Jacques Drion

17.03.2018

COMME L'A SI BIEN ÉNONCÉ le grand penseur qu'était Alphonse Allais : "Plus on ira, moins il y aura de centenaires qui auront connu Napoléon 1er". C'est tellement vrai que, malgré l'allongement de l'espérance de la vie humaine, il y a de moins en moins de gens qui ont connu, sinon Napoléon, du moins - restons modestes - les grands anciens qui ont fait l'histoire de la moto française. Parmi eux, seul Georges Monneret a traversé les générations en prenant place dans la mémoire collective. Ceci grâce à son exceptionnelle activité sportive puis économique sans équivalent, outre un palmarès enviable. Cependant, il n'était pas seul à animer la scène motocycliste. À des titres divers, les Nougier, Collot, Bétemps, Hofstetter, Burggraf, Drion, Godey, Houel, Murit, Agache, Ladevèze, Hasianis, Lefèvre, Behra, Loyer, Collignon, Klym, Brassine, Molinari, Bayle, Insermini, Frantz et tant d'autres, ont joué leur partie dans les deux ou trois décennies sportives qui ont suivi la Deuxième guerre. Parmi eux, rares sont les sidecaristes dont deux seulement ont acquis un statut international : Jean Murit et Jacques Drion.

Plus doué pour la "communication", du moins ce qui en tenait lieu à l'époque, Murit était bien connu du public français grâce à son magasin ouvert très tôt (1946). Son "écurie" de course constituée de machines rares attira l'intérêt de la presse spécialisée, avec les retombées qu'on imagine. Tout l'inverse d'un Jacques Drion. Non pas que celui-ci fut en froid avec la Presse, mais il avait choisi une carrière itinérante, façon "Continental Circus", privilégiant les épreuves à l'étranger. "Choisi" n'est peut-être pas vraiment le terme adéquat car c'est plutôt de contrainte qu'il s'agit. En effet, chaque fois qu'il en avait l'occasion, Drion soulignait les difficultés qu'il y avait à vivre de sa passion pour un coureur en sides. Depuis le prix du matériel (souvent prêté), la mise au point de la moto toujours à améliorer jusqu'à la recherche d'un passager (souvent bénévole), la pêche aux engagements les plus avantageux, l'entretien d'une deuxième machine pour pouvoir s'inscrire en solo et "gonfler" le plateau des organisateurs (avec la prime de départ correspondante), il restait peu de temps pour les "festivités", ou du moins les retrouvailles avec les amis.

Drion et Inge Stoll en Yougoslavie

À ses débuts en compétition, il trouvait régulièrement sur place un passager. Ravi d'être invité à participer à une course, ce volontaire l'était moins - ravi - après l'épreuve qui portait bien son nom tant la technique de pilotage de Drion était... osée, quoique efficace. Avec Inge Stoll, fille d'un champion allemand du sidecar dont elle était la passagère, il forma ensuite une équipe régulière qui devint célèbre sur les circuits internationaux.

Le traditionnel bouquet de la victoire pour Inge et Jacques, vainqueurs de l'une des deux manches sidecars au Circuit de Rochefort-sur-Mer (?) en 1955. L'autre manche était revenue à l'équipage Jean Murit-Francis Flahaut.

Ayant choisi de vivre en Allemagne, dans la famille de sa passagère, il devint moins présent dans les gazettes spécialisées. C'est sans doute pourquoi on sait peu de choses sur lui, à part ses résultats en compétition. Ce qui a incité deux amateurs français, Francis Metzger et Jean Goyard à tenter une reconstitution de sa courte vie, ce que les Allemands ont fait pour sa compagne et passagère Inge. Toutes les informations, témoignages, souvenirs et documents les concernant sont sollicitées, hormis ce qui se trouve dans Moto Revue et Motocycles et les sites allemands sur Inge Stoll. Pour ce faire, contacter aerolozange@orange.fr