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Les B.M.W. à la sauce "démocratique"

"BOLJEMOÎ ! ON N'EST PAS PLUS AYPAK que les Occidentaux ! Nous aussi nous allons fabriquer une moto moderne. Nous la vendrons au monde entier ! Nous récolterons ainsi des dollars et des marks !". Au travail, Apyr (*) ingénieurs !". Et c'est ainsi qu'est née en 1950 la AWO 425, première - et le seule - moto 4 temps de l'Allemagne de l'Est, cette zone d'occupation soviétique devenue en octobre 1949 la Deutsche Demokratische Republik (DDR ou RDA). Exploitée aussi sous la marque Simson, cette 250 était signée de MM. Ewald Dähn, Helmut Pitz et Michael Heise (Moto Revue signale aussi un ingénieur Gemmermann, chef de fabrication). Au premier coup d'œil on serait tenté d'y ajouter le(s) nom(s) des concepteurs de la BMW R25 de 1952. Cependant, si les silhouettes sont proches, plusieurs différences existent entre ces deux fausses jumelles.                                                                                                                           (*) Boljemoï, Aypak et Apyr sont des mots russes de cuisine pompés ici et là pour : Nom de dieu, imbécile et camarades. Celui qui a mieux, on l'écoute !

Chez AWO le rouge s'impose pour le réservoir avec, semble-t-il, une large bande de même couleur au centre des garde-boue avant et arrière. Le reste de la partie-cycle est noir, sans chromes superflus (fioritures jugées aussi bourgeoises qu'onéreuses !).

L'échappement passe à droite sur l'AWO, à l'inverse de celui de la BMW alors que, curieusement leurs silencieux paraissent identiques. Différence plus nette dans les blocs-moteurs plus affiné chez AWO, bien que l'avant du carter moulé enferme l'appareillage électrique qui, sur la "rivale" se résume à un boîtier rond en tôle, au bénéfice de l'accessibilité.

Le caractéristique levier manuel de recherche du point mort existe chez les deux "germaines cousines" mais le kick de l'AWO est longitudinal (voir ci-dessous) et non transversal comme il est de tradition chez BMW. Le coffre à outils pratiqué dans le réservoir est aussi une exclusivité BMW qui disparaîtra ensuite sur toutes les cylindrées monos et flats. 

L'éclaté de la boîte "viergang" de la Simson-Awo dévoile l'arbre supplémentaire et le renvoi d'angles nécessités par la position "normale" du kick. 

L'implication soviétique n'est pas dissimulée sur ce prospectus qui présente également un attelage aux couleurs assorties à celles de l'AWO. Le side en tôle (acier ? alu ?) est un STOYE

Les deux modèles de caisses Stoye, l'un au "nez" plus large et au coffre plus spacieux étant plus habitable que l'autre à tendance sportive.

... qui était construit à Leipzig dans des ateliers toujours actifs aujourd'hui si l'on en croit les informations qu'on trouve sur le vouèbe.

Ce bel attelage illustre la couverture du catalogue 1952/53. La sobriété est de retour dans la couleur de la machine, à peine relevée par l'écusson du réservoir.

La ville de Suhl, en Thuringe était le berceau de Simson dans une région où se concentraient nombre d'industries motocyclistes ou s'y rattachant. Karl-Marx Stadt est redevenue Chemnitz après la chute du Mur. Tout près, à une quinzaine de kilomètres, se trouve Zschopau, un nom que connaissent bien les amateurs de MZ.

Dans la zone d'occupation soviétique, autrement dit la RDA, outre Suhl, les usines BMW d'Eisenach produisirent la 350 culbutée BMW d'abord en priorité pour l'Union soviétique au titre des réparations de guerre. En 1950, un jugement du tribunal de Dusseldorf interdisait à l'Awtowelo de continuer à utiliser le nom BMW sous peine de représailles sur les échanges de devises qui se pratiquait entre les deux pays. Renommée EMW (Eisenach remplaçant Bayerische), la nouvelle 350, âgée de plus de 10 ans puisque née en 1937, n'était modifiée que par un simple changement de couleur de l'écusson "à l'hélice" de son réservoir...

... passé du bleu au rouge. Par la suite, la 350 Eisenacher MW recevra quelques améliorations tendant à la moderniser, entre autres une suspension arrière coulissante. Elle sera vendue en France sous le sigle R35/3, ainsi que les IFA 125 et 350, par Moto-Union, 83 avenue de la Grande-Armée à Paris XVIe. À la même adresse se trouvait la Station-Service 83 et la C.I.C.M. (Compagnie Internationale de Constructions de Moteurs), multiples raisons sociales destinées sans doute à justifier le commerce des marques de motos des deux Allemagne. 

Publicité parue dans le numéro Spécial Salon de Moto Revue en 1953.

Le musée de la DDR/RDA de Berlin présente aujourd'hui une 350 EMW avec un certain humour : "Hâte-toi lentement" conseille le calicot posé devant elle (Eile Mitt Weile"). Avec 14 ch pour emmener 170 kilos, le conseil n'était pas superflu (Photo du Musée).

Prochain article : VERS UN RADIEUX MONDE MODERNE

 

 

 

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J
Les Simson auraient été des motos plutôt bonnes si elles avaient eu un système électrique plus simple et de meilleur qualité (comme sa sœur l'IFA deux temps, d'ailleurs). Non, elles ne risquaient pas de passer le mur du son, mais les moteurs à culasses carrées faisaient plus modernes que les BMW. J'ai vu mon mentor changer beaucoup de guides de soupapes là dessus, quand j'étais gamin.
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P
I learn something with every post! I didn't realize it was the only 4-stroke produced in the DDR. I saw a few when traveling through East Berlin and further into the East Bloc in 1987...and lots of Simsons, MZs, etc. A fascinating time...
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Z
Stay in line, Paul, more to come about an east german-connection !