IL Y A BIEN PLUS QU'UN OCÉAN entre les amateurs de motos anciennes français et leurs homologues étasuniens. À défaut d'être immergé dans le milieu entre New-York et Los Angeles les sites de ventes aux enchères nous sont une source d'informations. Pas plus ni moins fiables, c'est certain, que celles (si peu) qui se tiennent chez nous. Cependant c'est, disons, un thermomètre, même celles qui se déroulent dans des endroits étiquetés "luxe" comme Las Vegas qui incitent plus que toutes autres à se tapoter le menton quant à leur authenticité et leurs résultats obtenus en bons billets verts.
L'intéressant est de voir ce qui est proposé à la vente en plus des Vincent, MV Agusta, Indian, Bimota, Thor, Yale sans parler des Flying Merkel ou Brough Superior. Des Harley par paquets, bien sûr, et plutôt les plus grosses cylindrées dont beaucoup sont "chopperisées" à outrance et en dépit du bon sens (pléonasme ?). Une tendance se révèle, en particulier chez Mecum Auction qui va proposer du 23 au 27 janvier 1750 machines (!) au South Point Hotel & Casino de Las Vegas. Alors, allons-nous vers un avenir de "fake bikes" comme il y a des "fakes news" (infos bidon, en bon français). Des machines qui prendront place parmi les "vraies" dans les décennies à venir ? Le catalogue de Mecum Auctions va nous instruire...
"Vazy ! Répète-le encore que ma moto n'est pas d'origine ! Vazy !"
Pas vraiment "fake", quoique... Cette Indian 1600 Police est passée entre les mains d'Arnold Schwarzenegger qui l'a rendue dans ce pitoyable état après le tournage de Terminator 3. Mais c'est probablement son aspect d'épave qui va en augmenter la valeur. D'avoir reçu le fessier de l'acteur lui confère le statut d'un objet quasi-sacré donc bien plus précieux que son prix à l'état neuf. En effet, son aspect lamentable interdit d'en faire des répliques et de connaître ainsi le sort de la Captain America de Easy Rider. Elle restera donc unique au contraire du chopper Harley-Davidson de Peter Fonda qui existe aujourd'hui à au moins une douzaine d'exemplaires... dont un en vente chez Mecum !
Si Kim Kardashian (à gauche) avait donné la réplique à Arnold (à droite, dans "Red Heat"), on peut parier sur la somme vertigineuse qu'aurait pu atteindre cette Indian. Idée- gratuite - à soumettre à un futur scénariste.
Autre choix si vous préférez l'original... La squaw n'est pas disponible, même en option.
Non, il ne s'agit pas d'une compression de César mais d'une Harley-Davidson Panhead de 1994 qui a bien vécu. Le charriot de transport sera facturé en sus.
Une histoire si triste qu'elle fait pleurer les clowns
INSULTES AUX ANCÊTRES, destruction de patrimoine, outrage à l'Histoire, les mots sont faibles devant cette "chose" qui fut un jour l'une des merveilles de l'industrie motocycliste britannique, une Vincent Serie B Rapid de 1948 rendue méconnaissable. Et le saccage ne s'arrête pas au seul aspect extérieur...
... car le moteur aussi a trinqué : raccourci, chemisé à 750 cm3 afin de courir en Hillclimbing Catégorie A, nouveau vilebrequin avec tous les affûtiaux nécessaire pour supporter le carburant au méthanol via deux Dell'Orto Racing, transformations des fixations des culasses puisque la poutre centrale du cadre d'origine est supprimée, plus un tas d'autres malveillances à l'égard de cette noble mécanique.
Le pire est que l'ignominie a payé car tout au long de sa carrière, cette machine a remporté à 5 reprises le titre national de sa catégorie. Des dizaines de trophées attestent de ses multiples victoires dans tout le pays ainsi qu'au Canada. Ces récompenses seront remises à l'heureux acheteur (heureux ?) ainsi qu'un acte de vente précisant que la machine est vendue seulement comme pièce d'exposition ("For Display Only").
Dans la série "Ça ressemble à rien mais ça fait causer", une autre création d'un bricolo d'Hollywood pour le film "The Priest" (scénario : un prêtre combat les vampires dans un monde ravagé par les guerres - tu vois le genre !). Dans un châssis réalisé en cornières rivetées est installé un moteur de Suzuki GSX Gladius. Les ornements et les pièces du carénage sont en fibre de verre et mousse plastique. L'armement visible ci-dessous (bâtons de dynamite autour du "nez de cochon") n'est pas compris dans le lot de cette enchère.
Rien qu'à voir l'affiche, t'as d'jà peur, alors t'imagines la suite ! ? !
Le premier étonné par cette "movie-star bike" a été son créateur qui s'est voulu fidèle à celle du manga coréen qui est à la base du film. Il prétend qu'elle est parfaitement conduisible et pourrait "circuler normalement" dans le trafic urbain. C'teu blague ! Il a une bécane à vendre, alors s'il disait le contraire on le croirait pas !
À ses détracteurs qui lui reprochaient de prendre trop de libertés avec la vérité historique, Alexandre Dumas aurait répondu : "On a le droit de violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants". Celui qui a commis le ci-dessus "machin" n'a certainement rien lu de notre écrivain national ou alors dans une traduction en ce volapük si cher au Grand Charles (cf sa conférence du 15 mai 1962). Si le moteur n'était pas un véritable Triumph de 2008, on pourrait prendre ça pour un modèle destiné à un manège d'enfants. 800 heures de boulot quand même...
TADAM !... TADADAMM !... TADADADAMMM !...
"Dans la banlieue où qui fait nuit
"La petite route est déserte
"Gérard Lambert rentre chez lui
"Dans le lointain les mobylettes poussent des cris...
Eh oui ! Le fantôme de Gérard Lambert hante aujourd'hui les nuits de Las Vegas après avoir parcouru 3936 km de routes de l'Arizona où cette Mobylette fut immatriculée en 1959 avant de prendre sa retraite dans une grange. Elle avait été commandée à Montgomerey Wards, une chaîne de magasins défunctée en 2001 qui travaillait beaucoup sur catalogues.