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La vie dangereuse du motocycliste au début du 20ème siècle

Au printemps 1900 fut organisée une course de motocycles (tricycles) sur le parcours Paris-Roubaix avec départ à Saint-Germain. La France Automobile n° 32 nous en apprend de belles sur cette épreuve calquée sur le modèle cycliste. Les meilleurs « chauffeurs » du moment dont Béconnais, Osmont, Marcellin, Girardot, Baras, Fournier, Demester, etc, s’y étaient engagés, attirant une grande assistance de sportifs. Au carrefour de la Croix-de-Noailles, environ deux cents personnes, assises ou debout, s’étaient massées avec une cinquantaine de bicyclettes couchées au pied de la croix, à l’extérieur de la courbe décrite par la route. Les premiers motocyclistes étaient passés sans encombre lorsqu’arrivèrent presqu’ensemble le n° 13 Martin qui prit le virage un peu à l’extérieur et le n° 7 Lerod (alias Dorel) qui voulut le dépasser. L’abordage eut lieu juste un peu avant la croix et les deux motocycles, accrochés l’un à l’autre, roulèrent dans la foule à l’extérieur du virage, causant plusieurs accidents. Mme Bos,femme du député de la Seine eut une double fracture à la jambe et M. Bichler fut également blessé. Quant aux motocyclistes, Martin eut la clavicule cassée et de fortes contusions, et Lerod « presque rien ».

Les étapes suivantes se déroulèrent sans autre incident à part une « chute magistrale » du vainqueur, Baras, qui « prit mal son virage » à son arrivée sur le vélodrome de Roubaix.

Tricycle-fantaisie057.jpgOn peine à croire que cet homme pouvait se transformer en écumeur de routes !

L’affaire de la Croix-de-Noailles devait avoir des répercussions devant les tribunaux car Charles Bos, député de la Seine, se porta partie civile devant le tribunal correctionnel. De son côté, le préfet de Seine-et-Oise fit dresser contravention aux vingt-deux coureurs (…) contravention « basée sur ce fait, dûment avoué, que tous ces chauffeurs ont circulé à des vitesses supérieures à celles prévues par les réglements de circulation ».

On ignore ce qui a résulté de l’action en justice du député Charles Bos, mais les pouvoirs publics n’étaient alors guère enclins à la clémence. Surtout lorsque la femme d'un député était en cause. Ils ne le seront pas plus quelques années après ainsi que le rapporte un écho de La Locomotion Automobile du 18 septembre 1902. Devant le tribunal de simple police du palais de Justice à Paris comparaissaient une vingtaine de chauffeurs pour délit d’excès de vitesse.

"Le juge aveugle et sourd, écrit La Locomotion, comme le Destin, frappait à tour de bras et tout le monde a écopé ferme. Osmont y est allé de deux jours de prison sans sursis et Bucquet de trois jours. Tout le monde a eu ses trois ou deux jours". On s'en tire plutôt bien, nous avec nos "simples" retraits de points. Surtout maintenant que les prisons sont encombrées. 

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