La "Motocyclette Modèle Démontable" figure dans une plaquette éditée vers 1904/1905 par la Librairie centrale des Arts et Manufactures (53 bis, quai des Grands-Augustins à Paris). Il est difficile d'être plus précis sur la date de parution car l'auteur du texte qui accompagne cette illustration à tiroirs, André Coqueret, a multiplié les éditions, suivant au plus près le développement technique du deux (et trois) roues. Ainsi il existe au moins quatre versions différentes de "La Motocyclette" que j'ai eues entre les mains, mais toutes ne contiennent pas la moto démontable. Il se peut également que des marchands indélicats aient "démonté" la moto démontable pour la vendre séparément du livre sans valeur à leurs yeux car d'aspect très ordinaire.
Le principe de cette curiosité unique dans la littérature motocycliste est celui que connaissent les cartophiles sous le nom de "carte à système". Un petit rabat articulé qu'on relève découvre une scène en générale touristique ou humoristique ("En soulevant mon jupon vous verrez Montcuq" est un classique du genre). Dans le cas présent, on ne donne pas dans la gaudriole mais dans la technique la plus sophistiquée, qu'on se le dise !
Nota : les chiffres figurant sur les images renvoient dans le livre à la description des différents organes et manettes équipant une moto ordinaire des années 1900 comme celle-ci.
1 - La moto est complète et conforme à la majorité des bicylindres de l'époque avec un moteur à soupapes automatiques. Seule entorse visible à la réalité : le pignon arrière est à l'extérieur de la fourche arrière et il manque le bras inférieur droit de cette fourche. Néanmoins, on peut mettre le pédalier et la chaîne à leur place normale en les faisant passer derrière la fourche arrière, mais une partie de la chaîne et le pignon arrière sont alors invisibles Une béquille pivotante en deux branches formant support, bloquée par un écrou papillon, est repliée derrière la selle. En 29 et 30 se trouve l'indispensable sacoche à outils.
2 - Le carter de distribution démonté laisse apparaitre les pignons de commande des cames entrainés par le pignon de sortie-moteur. L'engrenage de commande de la magnéto (50) située derrière le silencieux arrière n'est pas visible.
3 - Grâce aux rayons X dont nous avons équipé ce blog, l'intérieur du moteur devient visible avec son système de distribution à deux cames séparées (42) qui commandent uniquement les soupapes d'échappement. Par les tubulures d'admission (en rouge) et leurs soupapes automatiques, le carburateur alimente les chambres d'explosion (44).
4 - En retirant les cylindres, on a maintenant accès aux pistons, aux bielles et à l'embiellage. Auparavant nous avons ouvert le carter-moteur dans le plan vertical, ça va sans dire... Derrière le moteur, on aperçoit le carter (51, en vert) qui contient la cascade d'engrenages entrainant la magnéto.
5 - Le moteur enlevé laisse voir un cadre au dessin compliqué mais robuste. La magnéto et le pédalier sont restés en place ce qui est plausible. De même que la poulie et sa courroie ce qui l'est moins (plausible). On mettra ça sur le compte d'une fantaisie d'artiste (ces gens-là ne sont pas comme vous et moi).
6 - Détail intéressant qui n'est visible que maintenant, le moyeu arrière contient un changement de vitesse de type épicycloïdal figuré en rouge et en blanc dans la roue à gauche en bas. Sa commande s'effectue par un levier au réservoir côté gauche donc non visible et par une longue tringlerie (en 26 et 28).
POUR LE REMONTAGE DE LA MACHINE,
PROCÉDER À L'INVERSE DU DÉMONTAGE...
En dessert, une vue générale pour mieux comprendre le principe d'une "démontable".