L'HISTOIRE DE L'HUMANITÉ nous apprend que, et les savants en sont d'accord, le berceau de la civilisation se trouve en Mésopotamie, plus précisément à l'époque de l'empire de Sumer, entre le Tigre et l'Euphrate, quelque 3 000 ans avant J.C.
Plus "récemment", 2600 av. J.C. (comme le temps passe...) il existe une célébration d'une victoire (?) militaire retrouvée sur le "coffre d'Ur" babylonien. Ce pourrait bien être la première bande dessinée, beaucoup plus ancienne que la tapisserie de Bayeux (1066-1082) qui tenait la pole jusqu'ici.
L'intérêt de la chose réside dans ces chars sur roues, ces roues dont l'invention est plus ou moins "officiellement" attribuée aux Sumériens vers l'an 3000 avant J.C.
Cependant, les membres d'une nouvelle académie savante penche pour une date d'invention bien plus ancienne. Elle se serait produite à l'aube de l'humanité, donc beaucoup plus tôt, au moment où le singe s'est manifesté sur terre. L'illustration ci-dessus en est une preuve que nul ne peut contester.
VASTE CHOIX ENTRE UNICYCLE, MONOCYCLE, MONOROUE, DYNASPHERE...
Transportons-nous maintenant à l'époque moderne, disons à la toute fin du XIXè siècle. Le grand bi commence à peine de se répandre que d'aucuns veulent déjà se passer de l'une de ses deux roues. C'est alors une avalanche d'inventions appuyées par des brevets. Accompagnés de dessins techniques détaillés, ces brevets donnent naissance à quantité d'illustrations dans des ouvrages de vulgarisation "scientifiques" qui nous offrent la seule trace - extrêmement sujette à caution - de l'existence réelle de ces machines.
La documentation disponible étant pratiquement toute d'origine anglo-saxonne, il n'est pas étonnant de voir attribuer l'invention du premier "unicycle" à un certain Hemmings, citoyen américain. Sa lourde machine qui serait de 1869 trahit son origine "agricole" dans une fabrication qui doit beaucoup au charronnage. Le mouvement "moteur" est produit par les manivelles entrainant des cordes. Les pieds ne sont utilisés que pour le maintien à l'arrêt, voire pour diriger en appuyant alternativement sur les "étriers".
Hemmings est suivi de près par un engin beaucoup plus léger de 1873, sans doute de construction métallique donc d'influence cycliste. Le mouvement est fourni par les pieds du conducteur qui, par un jeu compliqué de biellettes et d'engrenages, actionnent la roue de transmission "primaire" située sous le siège.
Cet Américain du XXè siècle a construit une machine qui semble très inspirée du modèle de 1873. Même système d'entrainement par les pieds, la transmission "primaire" étant repositionnée vers l'avant, peut-être pour obtenir un espace logeable du pilote sans avoir besoin du grand diamètre fragile de l'original.
Le 1er septembre 1885, avec une décontraction frisant la désinvolture, John Otto (Laes ?) apporte sa contribution aux partisans de la roue unique. Très soucieux de son confort, en revanche, au vu du diamètre des diverses poulies de transmission il ne s'est guère préoccupé des efforts musculaires que demandait sa machine. Mais la recherche de vitesse n'était pas encore à l'ordre du jour.
Chaque décennie apporte son lot de monoroues. Celle de A. Miller (1896) triche un peu avec le dogme car on distingue en 33 et 33 bis deux roulettes qui assurent l'équilibre. Peut-être aussi un freinage d'urgence que commanderait le grand levier situé sous la main du pilote. Si c'est le cas, ce serait une réelle innovation car jusqu'ici personne ne semble s'être soucié d'arrêter une telle machine - à part en utilisant ses semelles. La transmission, originale, se fait par une longue chaîne qui engrène du pédalier à l'immense couronne dentée, laquelle supporte aussi les rayons de la roue principale.
On revient à du (presque) raisonnable grâce à M. Thomas Jolson (1897) qui n'emploie que des matériaux simples : des tubes, des roues de différents diamètres, un pédalier manœuvrable à la main et au pied. Détail précieux : une selle réglable selon la taille de l'utilisateur...
PETIT INTERMÈDE CYCLISTE
Revenons un bref instant en arrière, soit en 1894, lorsque La Revue Vélocipédique (qui deviendra bientôt Vélocipédique ET Automobile) s'écartait de temps en temps de la technique cycliste et s'égarait dans les futilités parisiennes...
Ainsi a t-elle représenté en dessins pleine page les exploits acrobatiques du couple formé par Yag's & Miss Mary (ci-dessus). Dans l'un de leurs numéros les plus applaudis lors du dernier Salon du Cycle à Paris, Yag's descendait en monocycle un escalier de 80 marches avec Miss Mary à genoux sur ses épaules.
Yag's travaillait sur des engins plutôt originaux dont on imagine à peu près quelles pouvaient être leurs évolutions. Sauf peut-être pour le dernier à droite qui est une vraie monoroue et ouvre le champ à plusieurs hypothèses. 1/ Il y a une jante invisible qui réunit les rayons, mais le verre, quoique transparent n'aurait pas résisté à l'effort demandé et le plastique, lui aussi transparent, était encore dans les cornues des chimistes. 2/ Sous sa culotte, l'acrobate cache un caleçon en acier, et on s'interroge alors sur la résistance des rayons de cette roue incomplète. 3/ Les rayons sont beaucoup plus serrés que sur l'image et l'on retrouve alors quelque chose qui s'apparente à la "magie" du fakir sur son lit de clous.
Dans le prochain article, on verra ce que le moteur a apporté dans l'univers plus que jamais foisonnant des machines à une roue.
Ce premier chapitre se termine par le début et la suite de la brève BD parodique où évolue le King Kong de la vignette qui a ouvert cette lecture (pas de signature de l'artiste)