Gladiator 1895 : les secrets du tri à moteur avant et du quadri bicylindre à plat

29.08.2018

PRÉSENTÉ AU SALON DE 1895, le tricycle Gladiator est vu ici sous un nouvel angle qui met en évidence sa transmission à trois chaînes ainsi que le triangle avant du cadre recevant le moteur à soupape automatique. L'avantage de cette disposition était, selon le constructeur, d'éliminer l'onéreux et délicat différentiel, ce qui était une bonne chose. En revanche il fallait en passer par une direction avec des tiges, biellettes, essieu, renvois, pivots, etc, exposés aux intempéries donc à l'usure et aux risques de rupture. Les pédales ont été conservées "pour les passages en mauvais terrain" et la mise en marche du moteur qui tourne "à grande vitesse" (ndlr : 600 tours/minute, permettant une vitesse de 30 km/h). Le réservoir tient lieu de carburateur selon le principe du "léchage", comme sur le tri De Dion. Le freinage est assuré par un levier au pied agissant sur un tambour calé sur le pignon-moteur (ndlr : type frein à sangle ?). Ainsi équipé, le "cavalier" n'avait qu'une chose à craindre, selon le présentateur de la machine dans La Science Française, c'est qu'il quitte le bon chemin car : avec la rapidité du tricycle à pétrole en bonne route, quelques tours de roues, mal guidées, peuvent envoyer le cycliste (sic) dans la fossé".

Y'EN A UN PEU PLUS, JE VOUS LE LAISSE ?

Comme il est d'usage en ces années d'une époque que plus tard l'on dira "belle", une grande entreprise ne donne pas le nom du créateur d'une réalisation originale. Chez Gladiator, cette même année 1895, les cerveaux ont pourtant bien phosphoré. Après le tri à motorisation inversée, voici le quadri simplifié voire sport (de not'temps, on dirait naked (tout nu), car une simple selle agrémentée de deux poignées accueille l'éventuel passager(ère) habituellement installé(e) dans un confortable fauteuil entre les deux roues. Celui-ci (ou celle-ci) est ici invité(e) à participer au mouvement de l'appareil puisque des pédales sont à sa disposition mais bien qu'exposé(e) aux aléas de la circulation il(elle) n'a aucune influence sur la conduite qui reste le privilège du seul pilote à l'arrière.

Ce pilote doit d'ailleurs surveiller le fonctionnement d'un moteur très particulier puisqu'il s'agit d'un bicylindre à plat longitudinal (flat-twin) dont on ne sait hélas rien de plus ! Autre "nouveauté" avec son pignon-moteur calé sur une couronne dentée placée sur le différentiel, lequel pignon est constitué "par plusieurs rondelles d'acier séparées par des rondelles de cuir" afin "d'absorber les vibrations et supprimer le bruit" (!?). Le freinage est confié à un collier de serrage sur un tambour solidaire de l'essieu-moteur "le plus sûr et le plus simple" car employé sur les monte-charges et avec lequel on arrête instantanément des masses pesant plusieurs tonnes". Difficile de faire plus rassurant...

Sans moteur, sur le simple tandem, c'était Madame qui choisissait la route.

Note qui n'a rien à voir : Le prestige de la marque semble être resté intact aux États-Unis où un vignoble californien élève et commercialise un vin sous la marque Domaine-Cycles Gladiator ! À moins qu'un petit malin n'ait acheté la marque pour construire des bicyclettes... avant finalement de changer d'avis.

Prenons ça comme un hommage sympathique...

... mais le "pack" de 4, la paille, c'est tout de même difficile à... avaler !