"LA VIE IMITE L'ART BIEN PLUS QUE L'ART N'IMITE LA VIE" est une phrase d'Oscar Wilde qui n'a pas fini de faire jaser. Et pourtant ... Voyez l'exemple avec "Bérézina" le livre dans lequel Sylvain Tesson raconte son voyage - en plein hiver - sur les traces de l'armée de Napoléon jusqu'à Moscou. Un voyage à peine moins mouvementé que celui des grognards qui partirent près d'un demi-million et revinrent dix fois moins nombreux. Pour coller à l'histoire et à défaut de cheval, Tesson a choisi de piloter un sidecar Oural, avec Thomas Goisque son ami et photographe dans le panier (il parle curieusement de pannière). Il ne pouvait pas savoir que le Petit Caporal l'avait devancé s'il faut en croire l'illustration artistique ci-après et qui confirme que "la vie imite l'art" selon la phrase d'Oscar Wilde (Le livre de Tesson est publié aux Éditions Guérin - Chamonix )
Entorse à l’histoire motocycliste, la fourche de la moto est une parallélogramme classique en place de celle de la marque de Montrouge , désignée (RG) sur la plaque d’immatriculation. Quelqu'un a t-il une explication pour le "74" ?
Rendons maintenant à MM. Kervel Frères ce qui leur revient, d'autant plus que la marque est parfois surmontée ou soulignée d'une aigle qui avait tout pour plaire à l'Empereur... Lequel aurait très probablement apprécié le patriotisme de René Gillet dont le premier écusson posé sur le T de ses motos représentait les initiales "RG"...
... surmontées d'une aigle aux ailes largement déployées. Un symbole qui sera réutilisé à de nombreuses reprises dans les catalogues des années précédant 1914 dont plusieurs s'ornaient d'une vignette en couleurs sur leurs couvertures.
Le thème sera repris dans une forme différente, sous influence vaguement égyptienne qui était peut-être une allusion à la Campagne d'Egypte, de Bonaparte-soldats-du-haut-de-ces-pyramides-quarante-siècles, etc. Pas impossible tant René Gillet avait la tripe tricolore... dont il sera plus tard récompensé. Mais poursuivons le cours de l'Histoire...
... avec quelques vignettes de la même époque, c'est à dire d'avant 1914. Elles montrent que déjà le motocycliste aimait à se réunir en bande d'amateurs d'une même marque afin de faire un peu de tourisme en région parisienne. Ils se sont arrêtés, sans doute du côté de Fontainebleau ou dans la vallée de Chevreuse, et prennent la pose avec trois René Gillet et une troisième machine rare...
... car c'est un tandem motorisé dont le passager est assis littéralement sur la roue arrière ! Mais tout s'explique car ce siège est destiné à une jeune personne du sexe qui se trouve debout derrière le personnage central occupé à régler l'ouverture ou la vitesse de son appareil à soufflet (L'arrosoir est là pour refroidir les cylindres ?).
Ce tandem est motorisé par un monocylindre à soupape automatique pas très puissant mais suffisant pour tenir tête à un "pédard" aux imposantes moustaches qui, lui, a ses bottines et guêtres nettes de toute poussière !
Dans cette série de photographies, on trouve une rencontre avec des motocyclistes et des cyclistes, tous d'un même club que signale l'épinglette (pin pour les modernes) à la pointe des casquettes. La machine à droite est peut-être une Griffon (?) alors que celle de gauche est encore une René Gillet reconnaissable (entre autres) à sa courroie plate dont le constructeur de la Villa Collet fut longtemps le défenseur. Son impressionnant pilote devait quand même bien faire souffrir les deux cylindres de sa monture !
Monsieur René, l'autodidacte et Directeur-Mécanicien dans son atelier parisien du rez-de chaussée où règne un industrieux désordre. Les lieux étaient exigus, mais la mise au point se faisait alors dans la rue pourtant guère large. Elle existe toujours et inchangée sauf pour son pavage.