... À 100 MILLIONS D'UNITÉS pour être exact, et c'est Honda qui signe ce record mondial à la fin de 2017, grâce à son fameux "SUPER CUB" dont, par la même occasion, on célèbre cette année les 60 ans !
Soichiro Honda (au centre) avec les membres de l'équipe qui a mis au point le Super Cub 50 à la fin des années 50 (Photo Honda).
Jozaburo Kimura (1910-1988), designer du Super Cub (Photo Honda 2009)
Le Super Cub 1958 (Photo Honda)
À peine mis sur le marché à l'été 1958, le Cub est un succès, dépassant largement le but de 30 000 ventes annuelles pronostiquées par Takeo Fujisawa (Fondateur et associé de Soichiro Honda) lorsqu'on lui avait présenté le prototype. Dans les cinq premiers mois de sa sortie, le Cub avait trouvé 24 000 acheteurs. Ils seront 167 000 l'année suivante et la courbe ascendante va encore progresser : demain, le marché américain ; après-demain le MONDE !
À partir de 1963, la campagne publicitaire dans les journaux américains sera scandée par le slogan à répétition "YOU MEET THE NICEST PEOPLE ON A HONDA" tout en insistant parallèlement sur le bas prix du Cub, sa faible consommation, son faible coût d'assurance, son entretien négligeable et son... moteur 4 temps, un 50 cm3 d'à peine 5 chevaux (ce qui était énorme à l'époque). Tout ceci était inscrit dans le "cahier des charges" établi par Soichiro Honda qui voulait aussi une machine légère et basse qui resterait accessible aux femmes. Afin d'attirer celles qui hésitaient à entrer dans un magasin de motos tenu par un homme d'un abord souvent... rugueux (on en a connu, on en connaît encore), il fit distribuer à ses concessionnaires des tabliers ornés de fleurs, de cœurs, de petits oiseaux. L'idée était d'inciter la femme du patron à porter ce tablier printanier qui permettait à l'éventuelle cliente de s'adresser à cette femme sur un pied d'égalité, en établissant un sentiment de complicité, ce qui était impossible face à un homme...
Les services de publicité se mirent à "cibler" les grands magazines d'information et aussi les publications féminines, ce qui ne s'était encore jamais fait, avec des annonces en couleurs et parfois en double-page. Sur l'une d'elles, une femme (présumée nue) prenait un bain de soleil sur une plage non loin de son Cub (ci-dessus) ; une autre était aux sports d'hiver avec ses skis et son Cub, une autre encore filait sur un chemin de campagne. Celle qui eut le plus de succès montrait une jeune mariée de dos en passagère de son époux sur leur Cub, traînant une guirlande de casseroles selon la coutume américaine.
C'est, évidemment, tout à fait par hasard qu'une vedette de cinéma, ici Claudia Cardinale, était photographiée au guidon d'un Cub (John Wayne avait été lui aussi "surpris" par un photographe, assis sur une Honda, comme Rock Hudson ou... Steve McQueen !). Même les metteurs en scène utilisèrent des Cub, en situation. On pense à "Ne nous fâchons pas" de Georges Lautner, moins bien inspiré ici que dans ses sublimes "Tontons", mais le cinéma américain a bien donné aussi...
... par exemple Russ Meyer dans son inoubliable Motor Psycho. Il a choisi des C55, version "Trail" du Cub en 50 et 90 cm3, mais on se souvient plutôt de la plastique de ses actrices menées par l'impressionnante Tura Satana dont la spécialité est de faire des misères aux mâles américains...
... ce qui est aussi dans les intentions de ces "She Devils on Wheels" (Diablesses sur deux roues) qui ont mis le grappin sur un blondinet pilote d'un modeste Cub, alors qu'elles-mêmes apprécient plutôt les grosses cylindrées.
Il est probable que Honda préférait ce genre d'image plus proche de la réalité que celles que donnaient les fictions hollywoodiennes. Mais c'était sans compter avec la maladie de la "personnalisation" qui démange tout motocycliste, même lorsqu'elle s'applique à une moto-scooter ou un scoot-moto comme le Cub. Dont ci-après quelques exemples pêchés sur la Toile...
Pour faire croire à un modèle "usine" on monte toutes les bonnes pièces qui coûtent un bras chacune (bras oscillant alu, renfort de cadre, silencieux, cylindre, carburateur, radiateur d'huile, etc, très beau, très cher).
Le type le plus sobre et radical pour éviter les frais de carrosserie.
L'école du "Feet First" (les pieds devant) recrute dans tous les domaines. Confort d'abord, même au mépris de la résistance à l'avancement... C'est british, faut-il le préciser, où il existe des Cub-clubs très actifs.
Pas assez carrossé au goût de cet amateur qui s'est semble-t-il inspiré de la concurrence Suzuki avec son 250 SW 1, pour un résultat disons... discutable.
Personnalisation sobre et de bon goût du Cub, mais on n'en dira pas autant de son pilote... représentant d'une clientèle auquel n'avait sans doute pas pensé Soichiro Honda
En Asie, un véhicule même très avarié n'est jamais considéré comme une épave. Ainsi, un Cub qui a bien vécu peut motoriser un rustique "ferry" sur un bras de rivière. On aimerait bien connaître le moyen de propulsion choisi : hélice ? roue à aubes ? ou quoi d'autre ?
Plus sûr mais plus encombrant, le sidecar permet de transporter toute une famille au lieu du Cub solo couramment monté par trois personnes et plus dans tous les pays "en voie de développement" (expression technocratique qui a remplacé "pays pauvres").
L'inévitable modèle militaire dont on risque d'apprendre aux jeunes couches dans un jour lointain qu'il est à la fois pliable et parachutable comme tout ce qui est peint en vert olive (à surveiller dans leboncoin.com).
Qui aura d'abord remarqué, en priorité, un détail technique d'origine étrangère sur ce Cub plutôt dépouillé ? Tube central doublé, oui ; coque arrière tronquée, oui ; silencieux-mégaphone allongé, oui ; et la fourche, hein, la fourche façon Harley, vous l'auriez vue ?
Si l'on veut pousser plus loin le "tuning", voici quelques idées pas tristes entre Easy Rider et le "rat bike". À détailler soigneusement sans oublier les rayons de la roue avant entourés de papier-alu pour faire croire à des jantes à branches... Çà, il fallait le trouver !
Pour voyager loin, il faut voyager léger et pour cela, le Cub "Trail" est tout indiqué.
Ce qui prouve que le plus paisible des véhicules est capable de vous faire vivre les sensations d'une machine de Grand Prix.
Le souci de la conservation en "état d'origine" mène parfois à des excès déraisonnables si l'on met en balance le prix d'un garde-boue neuf (ou d'occasion) avec le temps passé à une telle réparation, sans parler du coût des rivets utilisés (avec rondelles), du façonnage de la contreplaque derrière le plastique, de l'outillage ad-hoc...
On terminera avec le modèle tout d'origine "Faible kilométrage. Part par la route, jamais utilisé en dehors des voies carrossables. Remisé dans un garage chauffé. Prix intéressant". Un vrai rêve !