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Cinémoto à l'italienne

NÉ VERS 1940 dans les années fascistes, le cinéma néo-réaliste italien se voulait au plus près des problèmes du peuple. Il utilisait parfois des acteurs non-professionnels évoluant dans des décors naturels avec comme philosophie un mot d'ordre : "descendre dans la rue". Il n'est donc pas étonnant d'y voir passer une ou plusieurs motos faisant partie du décor. D'autres font exception, tenant un véritable rôle dans l'action du film. La plus célèbre de toutes est la machine de La Strada, qui n'est d'ailleurs pas une motocyclette mais un motocarro, la version latine du triporteur, plus précisément du tricycle (trois plus ou moins grandes roues avec la roue avant directrice).

Les producteurs du film (1954) auraient voulu Silvana Mangano (!) et Burt Lancaster (!!) dans les rôles principaux... Fellini a résisté, et heureusement, car on imagine mal de voir paraître Burt "Belle Gueule" après le "É arrivato Zampano !" annoncé par Gelsomina pour rameuter les spectateurs sur la place du village !  

On ne sait pas si les mêmes producteurs avaient leur idée sur la marque du motocarro, mais le choix de Fellini a été judicieux. Le Sertum semble beaucoup plus étrange qu'un simple Guzzi plus répandu. C'est un abri-refuge misérable pour le couple tandis que sa bâche évoque le cirque qu'il prétend être. 

L'inscription "Zampano" tient lieu d'annonce publicitaire mais la sirène garde son mystère. Ce véhicule est sans doute le plus étrange jamais montré au cinéma dans le "rôle" dramatique d'un film "réaliste" dont il est aussi indissociable que la musique lancinante de Nino Rota qui a fait le tour du monde.

Parfois soumis à rude épreuve, le moteur du motocarro Sertum nécessitait un surplus de refroidissement fourni par une soufflerie sous capotage. Mais il ne s'agissait peut-être que d'un "accessoire" disponible sur le seul modèle "armée".

Détail du moteur à soupapes latérales 500 Sertum (Photo autobelle.it). À comparer avec la photo ci-avant (Zampano à la trompette) où le moteur du "motocarro" est visible dans le coin inférieur gauche. La marque fut un gros fournisseur de l'armée de Mussolini durant la Deuxième guerre mondiale.

Comme chez tous les bélligérants, les usines furent "priées" d'étudier un modèle destiné aux militaires. Les cahiers des charges furent assez proches d'un pays à l'autre : deux cylindres et soupapes latérales étant obligatoires (exception notable : la française SEVITAME !). L'exemple le plus connu est celui de la Triumph 500 TRW, la seule qui connaîtra une descendance presque "civile" car fournie à diverses administrations dont la police parisienne. Sertum apporta sa contribution avec cette 500 twin à soupapes latérales logées devant les cylindres, face à la route. Le moteur ci-dessus est en restauration en Italie (pour en savoir plus, on va sur : www.rpw.it/motori/sertum

Un attelage prêt au départ en embarquant la machine de circuit. Née au début des années 20, Sertum se lance dans la moto dix ans plus tard avec une deux temps... 

... d'allure et d'inspiration très germaniques. Après la guerre, convertie définitivement aux soupapes, Sertum construira des monos culbutées et latérales. Deux d'entre elles viendront en France disputer en 250 le Bol d'or 1948 avec des pilotes italiens (première place en 250). Deux autres seront confiées à Georges et Pierre Monneret pour le Bol 1949, mais aucune ne termina. Aujourd'hui, la marque existe toujours et propose des stylos à plume (de luxe, évidemment) et des sacs de voyage.

(À SUIVRE) 

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S
Beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte. un blog très intéressant. J'aime beaucoup. je reviendrai. N'hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo). Au plaisir
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C
"Les cahiers des charges furent assez proches d'un pays à l'autre : deux cylindres et soupapes latérales étant obligatoires (exception notable : la française SEVITAME !)."<br /> Et que dire de la Gillet Herstal 720, bicylindre parallèle et 2 temps dont la production commence en 1937, donc bien avant la Sevitame… :-)
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Z
Dont acte. Heureusement que quelqu'un suit attentivement... en Belgique ! Quelle leçon...
J
Pour la Sevitame la clientèle est maigre, car il n'y a que François Marie qui achète ça!<br /> Sertum devait avoir une usine balèze vu le nombre de survivantes en Italie.
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